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Littérature adulte policier
Février 2022
«GLEN AFFRIC».
Karine GIEBEL
Ed. Plon
GLEN AFFRIC le titre de ce roman intrigue, c'est une vallée proche du Loc Ness et est bien réelle.
Léonard un jeune adolescent de 15 ans force de la nature, vit avec Mona sa maman qui l'aime et l'aide à surmonter ses angoisses et ses souffrances liées à sa différence. Rejeté par tous à cause de son retard mental, il essaie de progresser et de s'intégrer du mieux qu'il peut.Il a été trouvé par Mona dans un fossé quand il avait 5 ans, elle le chérit et il le mérite car il est très attachant. Mais il subit des harcèlemens et du racket à l'école où on le menace de représailles et de tuer sa maman s'il ose dénoncer ses camarades.
Il adore son chat Arsène et garde précieusement une carte postale reçue de Glen Affric qui vient de Jorge son grand frère, qu'il ne connaît pas encore et qui est en fait en prison.
Mais coup de thêatre, le jour de la libération de Jorge, c'est Léonard qui est incarcéré car il a fini par massacrer ses harceleurs.Il souffre durant son emprisonnement mais se lie avec un codétenu qui l'encourage à affronter ses peurs.
Une fois libéré, il fait enfin la connaissance de son grand frère et découvre qu'on lui a caché la vérité, Jorge n'était pas à Glen Affric mais en prison depuis 16 ans.
Parallèlement à l'histoire, apparaît aussi le personnage d'Angélique, jeune fille séquestée par son oncle et qui subit des sévices au quotidien.
L'auteure écrit d'une manière limpide et ce roman se lit très facilement grâce aux nombreux dialogues. Les personnages principaux sont doux, tendres, attachants et en opposition avec les thèmes cruels abordés. Roman sombre sur l'emprisonnement et les dégâts causés par l'incarcération et la maltraitance.
Ce roman dénonce les difficultés liées à l'emprisonnement, les conséquences douloureuses des erreurs judicières, mais c'est aussi l'histoire d'une famille aimante qui exprime une grande tendresse.
«LE BLUES DES PHALÈNES».
Valentine IMHOF
Ed. Le Rouergue
Bibliographie :
Née en 1970 à Nancy, Valentine Imhof s'est fixée en 2000 à Saint-Pierre-et-Miquelon où elle est professeur de lettres. Avant ça, elle a vécu aux États-Unis et beaucoup voyagé en Scandinavie. Elle est l'auteure d'une biographie d'Henry Miller, La Rage d'écrire en 2017, aux éditions Transboréal. Elle a publié deux romans aux Editions du Rouergue : Par les rafales, en 2018, (prix Le Polar se met au vert 2021) un premier roman policier dont une partie de l'intrigue se situait à Nancy et Zippo, en 2019, qui prenait pour cadre Milwaukee aux Etats-Unis. Le Blues des Phalènes, ce troisième roman paru en janvier 2022, prend pour cadre, une nouvelle fois, les Etats Unis mais dans leur ensemble à travers une grande fresque historique qui débute en 1917 et s’achève en 1935.
Résumé :
Ce roman est une grande fresque historique qui s’articule autour de deux grands points forts :
- En 1917, les Etats Unis et le Canada entrent en guerre aux côtés des Alliés. Le port d’Halifax est un port qui abrite les convois transatlantiques qui sont constitués pour approvisionner le front en Europe. Le 6 décembre 2017, deux bateaux entrent en collision dans le port dont un transportant des explosifs. La gigantesque explosion va ravager la ville d’Halifax.
- Les années 30 marquées par la grande crise économique consécutive du krach boursier de 1929 et qui va projeter des millions d'affamés sur les routes en quête d'un avenir meilleur.
Ce roman a une structure narrative un peu déconcertante.
Dans la première partie (Ondes de Choc), à la manière d’un compte à rebours, le récit se concentre sur chacun des quatre personnages principaux représentant une année de la Grande Dépression : débutant en 1935 avec Milton puis se focalisant sur la période de 1933 pour Arthur avant de passer au déroulement de l'année 1931 pour Pekka et Nathan.
Milton, est le fils d'une famille richissime qui a renoncé à tout pour se retirer à Tip Top, une ville fantôme de l'Arizona. IL vit seul, reclus dans le désert. C’est un taiseux, passionné de peinture. Pour continuer à peindre Il recherche dans le désert toutes les matières dont il a besoin, en particulier des ocres. Est-ce qu’il fuit quelque chose ou quelqu’un ou bien cherche-t-il à préserver le monde de sa présence ?
Arthur, est canadien, de la région de Glace Bay où vit une communauté de mineurs de charbon. Il a décidé de rompre avec cette tradition en s’engageant. Il est
doublement vétéran : de la première guerre mondiale et de la guerre des Boers en Afrique du Sud.
Pekka, la seule femme, est une forte personnalité, pleine d’énergie qui réinvente sa vie constamment en changeant de nom. Elle aussi est à la recherche du rêve américain.
Nathan est un adolescent de 13 ans, fils de Pekka (le fils de l'Explosion) mais ils ne font pas route ensemble. Il va entamer une vie d'errance en parcourant tout le pays à bord de trains de marchandises en essayant d'éviter les vigiles et leurs matraques.
Ces quatre personnages principaux ont en commun, d’avoir à un moment de leur existence été des meurtriers..
Si ce sont les personnages principaux, d’autres, sont tout aussi importants et tout aussi touchants
Le cœur du livre est l’explosion qui ravagea Halifax en 1917.On assiste à la « naissance » de Jane ainsi nommée car elle a perdu le souvenir de tout et même de son nom. On retrouve Arthur et enfin Milton, qui vont vivre cet évènement mais sans se connaître.
Dans la troisième partie (le souffle) la temporalité s’inverse. On retourne en 1932 pour suivre le parcours de Nathan, puis en 1933 on accompagne Pekka du côté de Chicago, au moment de l’Exposition Universelle. Puis en1934 on suit le destin d'Arthur qui découvre les affres des travailleurs exploités en Californie avant de s'achever en 1935 dans la solitude du désert de l'Arizona dans lequel on retrouve Milton.
La boucle est bouclée !
Analyse :
C’est un roman noir intense qui se mérite avec une structure narrative déconcertante. La construction est habile, intéressante et intelligente. A la fin du roman, on se retrouve presque avant le début du roman ce qui inciterai presque à relire la première partie consacrée à Milton.
C’est un roman noir mais aussi lecture sociale et politique de cette période-là.
Les personnages sont les narrateurs de l’histoire et ont en commun des actes qui les poussent à fuir dans cette Amérique ravagée par la crise économique et la misère qui en suivra. Ces quatre destins sont malmenés par la vie et brisés par la dure réalité économique de l’époque. On ressent leurs tristesses, leurs désespoirs, leurs fatigues, leurs petites joies.
L’auteure montre avec ce roman un talent d’écriture remarquable. Le vocabulaire est riche, précis dans les descriptions qui même réalistes contiennent une grande poésie. Le style s’adapte à des récits complètements différents.
On vit littéralement le récit de cette catastrophe incroyable. On ressent la misère mais également une certaine solidarité de la vie de ces travailleurs sans domicile fixe qui se déplaçaient en train clandestinement et qui vivaient de travaux manuels saisonniers (les hobos). La violence de la part de la police, des patrons et des milices des « bons citoyens » est omniprésente. Toute forme de revendication est réprimée par la violence à l’encontre des ouvriers, des dockers, des ouvriers agricoles….
« Le blues des phalènes » est à la fois un roman d’aventures, un roman historique et une immersion dans des vies, des pensées, des destins qui se percutent, s’affrontent ou se soudent.
Ce n’est pas une lecture aisée de par sa construction et les thèmes abordés mais un moment de lecture que l’on n’oublie pas facilement.
«LA PART DE L'ANGE».
Maria ADOLFSON.
Ed. Denoël
Maria ADOLFSSON est née en 1958 et vit à Stockholm, ancienne directrice de communication, elle se consacre maintenant pleinement à l'écriture. En 2019 elle a écrit Faux pas Doggerland 1
L'intrigue se déroule sur l'île de Noorö, au nord de l'archipel de Doggerland, la fermeture de sa mine de charbon, de ses fumaisons de poissons a entraîné la misère, le seul employeur qui reste est la distillerie de whisky. Le matin de Noël un cadavre est retrouvé sur l'île. L'inspectrice Karen Eiken va devoir abandonner ses invités pour aller mener l'enquête alors qu'elle est officiellement en arrêt maladie. Fredrik Stuub, enseignant à la retraite, est retrouvé mort au fond d'une ancienne houillère, ce qui ressemble au premier abord à un accident se révèle être un meurtre, mais pour le moment pas de suspect, pas d'indices. Karen aidée par la police locale se retrouve face à une enquête difficile. Heureusement elle connaît bien Noorö, lieu de son enfance et où se trouve encore une partie de sa famille.
La veille du Nouvel an un autre meurtre est commis, cette fois en lien avec la distillerie de whisky locale . Les choses se compliquent lorsque des indices semblent diriger l'enquête vers la famille de Karen.
Outre l'enquête policière l'autrice aborde plusieurs sujets intéressants : le retour au pays de l'enfance, les retrouvailles avec la famille, pas toujours simple surtout quand l'un des membres de cette famille semble être un malfaiteur, le problème des femmes battues est également abordé. L'autrice nous dépeint avec beaucoup de talent une galerie de personnages au caractère complexe : Jounas Smeed, le chef, en conflit permanent avec Karen, Karl son collègue le plus proche, toujours là pour elle, Sigrid la fille du chef, en révolte contre la société, Léo, clochard sympathique qui a fait partie d'un groupe de rock et que l'on voit apparaître à des moments importants de l'enquête.
Une ambiance lente, froide et mystérieuse est présente tout au long de ce polar nordique, les 50 dernières pages rassemblent rebondissements, suspens et émotion.
«DIX AMES PAS PLUS».
JONASSON Ragnar
Ed : Ed de la Martinière
Una une jeune institutrice, aux fins de mois difficiles, se résout à quitter Reykjavik pour enseigner une année à Skalar, minuscule village de 10 habitants, le plus reculé au Nord de l'Islande, 10 âmes et seulement 2 élèves. Si l'accueil de sa logeuse est plutôt encourageant ce n'est pas le cas de tous les habitants, en particulier l'homme le plus puissant du village qui lui conseille de faire ses bagages et de repartir. Elle est logée gracieusement dans les combles d'une grande maison, ses nuits sont troublées par de la musique, plus précisément une berceuse qui lui semble familière, elle va également apercevoir une fillette en robe blanche, tel un fantôme. Mais comme elle a pris l'habitude de boire un verre de vin avant de se coucher, elle doute d'elle-même. Son imagination lui joue-t-elle des tours ? Ou cette maison est-elle réellement hantée ? Una pensait trouver, un lieu où se ressourcer, un endroit calme et reposant. Au lieu de cela, elle arrive dans un village fermé où les habitants sont suspicieux à son égard voire carrément hostiles. Ils sont très soudés et n'ont visiblement pas très envie qu'elle reste. On comprend alors peu à peu que les habitants de Skalar ont un secret et que l'arrivée de Una perturbe leur équilibre. Juste avant Noël, un drame survient, touchant une de ses élèves. En parallèle, par petites touches écrites en italique, nous suivons une autre histoire, celle d'un meurtre qui semble avoir été commis en Islande quelques années auparavant. Les deux histoires s’avéreront bien sûr liées.
Ce roman est un thriller psychologique dans lequel la tension est palpable, que ce soit le climat très rude ou l'accueil glacial des habitants, rien n'aide Una à se sentir bien.
C'est aussi un roman d'atmosphère teinté de surnaturel, un huis clos humain et géographique au milieu de nulle part.La dernière phrase du roman laisse la place à une interrogation sur la réalité de ce que vit Una, les étranges phénomènes et le risque de folie.
«LE DERNIER AFGAN».
Alexeï IVANOV
Ed. Rivages Noir
On les appelle les « Afghans ». Laissés pour compte après la défaite d'Afghanistan, ces jeunes vétérans russes traînent une réputation de brutes et d'alcooliques. L'Armée soviétique a combattu pendant une dizaine d'années de 1979 à 1989 les moudjahidines qui avait pris le pouvoir à Kaboul, les soviétiques ont aidé à ravager l'Afghanistan. Au début des années 1990 dans la ville de Batouïev, le charismatique sous-lieutenant Sergueï Likholiétov décide de créer une union des anciens combattants revenus d'Afghanistan (la majorité des soldats sont à cette époque comme en France des conscrits). Guerman Niévoline dit l'allemand est un modeste chauffeur de l'organisation appelée aussi Komintern, mais il est surtout le seul et vrai ami de Sergueï, il souhaite rester fidèle aux valeurs fraternelles de son commandant. Pour survivre car les autoritès les oublient, les afghans ménent des actions violentes pour s'emparer d'immeubles, de marchés, de magasins bref ils se transforment en gangs et participent à la corruption générale qui gangrène la ville. Ses derniéres illusions détruites et pour échapper à son destin après l'assassinat de son ami, Guerman tentera l'impossible : dérober une part de l'argent volé au Komintern et disparaître avec Tatiana la seule femme qu'il ait aimée.
Analyse : Est ce vraiment un roman policier ? Il s'agit plutôt d'une fresque de la vie actuelle en Russie post-soviétique. Cette histoire très sanglante retrace le sort de héros ordinaires cherchant à sauver leurs idéaux dans un monde tourné vers l'argent et le profit mais dépourvu de fraternité. Peut on rapprocher la vie de ces vétérans russes de celle des vétérans américains de retour de la guerre du VietNam ? D'une certaine façon ,oui ! Ce long et beau récit est une grande épopée développée autour de la belle et noble idée de la Fraternité de ceux qui ont souffert en Afghanistan pour le bien de l'URSS, c'est l'idée afghane de Sergueï. Ce roman rugueux par bien des aspects a de nombreux « flashback » en particulier sur les atrocités de la guerre qui font froid dans le dos. Il y a une vision moderne de la Russie où dominent la convoitise, l'avidité et le désir de s'en sortir à tout prix.
Guerman Niévoline, le personnage central, dit l'allemand devient sympathique car il souhaite protéger par tous les moyens Tatiana, jeune femme innocente et pure mais convoitée par tous les hommes qui sont majoritairement des brutes avinées. Il y a beaucoup de personnages que l'auteur décrit en peu de mots mais avec justesse, leurs noms imprononçables sont difficiles à retenir.
Cet écrivain connait bien son pays et décrit avec un grand réalisme âpre les détails de la vie d'un russe aujourd'hui. Le héros est perturbé non pas par son vol mais par la teneur de la somme qu'il détient ce qui permet à l'auteur de développer les raisons de ce braquage. Ces développements apparaissent multiples et prennent le lecteur au dépourvu car ils l'entrainent vers des considérations historiques, sociologiques et métaphysiques.
C'est un excellent roman qui fait découvrir la façon de vivre des Russes dont les aspirations sont proches des notres. Peu de choses nous séparent sinon le passé idéologique .
«JE VIS LA BÊTE SURGIR DE LA MER».
Ulrich EFFENHAUSER
Édition Actes Sud, Actes noirs.
Ulrich Effenhauser est né en 1975. Il a étudié l'allemand et l'histoire. Il est enseignant. Sur la quatrième de couverture c'est annoncé comme son premier roman, mais il a écrit "Alias Toller" en 2015 !
À la fin des années 70, Heller, un jeune flic, enquête sur une série de morts de personnes semblant n'avoir aucun lien entre elles. Tout d'abord c'est un professeur de musique qui est tué dans l'explosion de sa voiture. Puis, le commissaire Kolnik, son supérieur, est tué par balle.
Heller, assisté malgré lui par la fille du commissaire, mène une enquête qui le fera remonter dans le passé des victimes et le sien.
La lecture n'est pas toujours facile pour les non-germanophones.
L'enquête est complexe. Toutes les questions trouvent une réponse, bien souvent dans le passé nazi de l'Allemagne.
«AMERICAN PREDATOR»
Maureen CALLAHAN
Éd.Sonatine
Maureen CALLAHAN est une journaliste d’investigation, chroniqueuse et auteure américano-irlandaise. Elle a grandi à Long Island, dans l'État de New York. Elle est diplômée de la School of Visual Arts, NYC.
Callahan a commencé par écrire pour le Sassy Magazine et pour MTV à l’âge de 17 ans, puis pour Vanity Fair et le magazine musical Spin. Elle y rédige des articles d’opinion sur des sujets aussi divers que la politique, l’actualité, la culture pop, la mode et la musique. À cette occasion, elle co-signe « Don’t Drink The Brown Water », un article publié dans le Spin qui traite des origines des émeutes et des violences ayant éclaté au festival de Woodstock de 1999, pour lequel elle remporte le Deems Taylor Award.
Parallèlement, elle publie Poker Face: The Rise and Rise of Lady Gaga en 2010 et Champagne Supernovas: Kate Moss, Marc Jacobs, Alexander McQueen, and the '90s Renegades Who Remade Fashion en 2014. Maureen Callahan vit aujourd’hui à New York. Elle est rédactrice et journaliste critique pour le New York Post.
Résumé
Anchorage, sur les rivages glacés de l’Alaska. Dans la nuit du 2 février 2012, la jeune Samantha Koenig termine son service dans un petit kiosque à café, battu par la neige et le vent. Le lendemain, elle n’est toujours pas rentrée chez elle. Une caméra de vidéosurveillance apporte vite la réponse : on y voit clairement un inconnu emmener l’adolescente sous la menace. Commence alors une véritable chasse à l’homme, qui permet au FBI de mettre la main sur un suspect potentiel, Israel Keyes. Un homme qui semble pourtant au-delà de tout soupçon, un honnête travailleur, vivant seul avec sa fille.
Que ce soit, la retranscription des entretiens ou le travail minutieux de recherche autour de ce serial-killer, on sent qu'on a affaire à un phénomène encore jamais vu. Que ce soit les enquêteurs, la famille, les proches, les victimes, la justice: ils sont démunis face à ce tueur en série hors-norme parce qu'il échappe à tout entendement. Parce que cet homme n'a pas été soumis aux conditionnements de la société, qu'il a appris à vivre en se passant de confort, qu'on soupçonne une rupture irrémédiable chez lui, qu'il n'a ni règles ni scrupules, il se perfectionne, seul, pour devenir un super-Predator, au-delà de tout soupçon…C'est terrifiant cette approche de si près, de la violence pure et de ses mécanismes qui s'engrangent jusqu'à l'escalade extrême. C'est sidérant qu'un tel humain puisse avoir déjoué ainsi, le système.
Ecrit comme un roman décrivant l’enquête et le travail du FBI, les faiblesses dans les rouages de la justice américaine, on oublie parfois que cette histoire est vraie, qu’Isaraël Keyes a vraiment existé, et ce voyage au bout du mal le plus absolu est terrible mais passionnant à lire !
«Reine Rouge»
Juan Gomez-Jurado
Ed.Fleuve Noir
L’auteur est né à Madrid en 1977et y vit
Journaliste et écrivain au début, Ses succès de librairie lui permettent de se consacrer pleinement à l'écriture.
Reine Rouge est le premier opus d'une série de 3, les 2 autres sont "louve noire' et Roi blanc"
C’est un thriller qui accroche le lecteur dès le premier paragraphe, les chapitres sont courts et donne un bon rythme au récit, passant d'un protagoniste à l'autre. Il n’est pas dénué d'humour ironico-sarcastique de la part de Jon.
La traduction est bonne
Deux personnages principaux.
Antonia Scott personnage énigmatique au début du roman. Elle est ce que l’on qualifierait actuellement d’HPI (haut potentiel intellectuel) et en plus est programmée pour aller au-delà de ses capacités de base sous la contrainte de son patron qui se fait appeler « mentor » (on retrouve un peu de Jason Bourne dans l'entrainement à la limite de la torture ainsi que les injections sans oublier les mystérieuses gélules) Un petit air de Lisbeth Salander
Son mari Marcos est dans le coma et elle passe ses nuits à ses cotes .Elle se sent responsable de son accident.
Jon Gutierrez, flic de Bilbao est sympathique tellement empathique avec les gens que cela lui a valu d'être en grande difficulté avec sa hiérarchie. En effet pour aider une prostituée il décide de piéger le proxénète, mais celui-ci manipule la jeune fille et cette dernière piège Jon en le filmant mettant la drogue dans la voiture. Elle publie sur les réseaux sociaux. Il se retrouve devant le procureur et risque la prison. Les medias se déchainent. Jusqu’à ce que le fameux » mentor » intervienne et le fasse muter à Madrid à la condition de réussir à convaincre Antonia de reprendre du service. Chantage certes, il doit l'aider s’il veut rester libre.
Car Antonia appartient à une organisation planétaire souterraine chargée de combattre le crime organisée. Cette unité de police comprend pour l’Espagne trois personnes Antonia, Jon et mentor qui possède des moyens illimites
Antonia « Reine Rouge » n’apparait nulle part, mais pourtant résout nombre de meurtres qui ne sortent cependant jamais dans la presse.
Le couple d’enquêteurs va partir à la recherche d’un mystérieux meurtrier qui s’en prend aux enfants des puissants de ce monde. Le mobile reste un mystère et il ne demande pas de rançon. Une course contre la montre, et contre les autres services de police, s’engagent pour libérer la fille d’un magnat du textile.
Thriller efficace, les pages se tournent très facilement une énigme est résolue mais il manque des réponses alors peut être dans louve noire……….








Octobre 2021
«L’ÉPOUSE ET LA VEUVE»
Ed. Albin Michel
Au lendemain d’un entretien Skype avec son épouse Kate, John, parti suivre à Londres un séminaire, ne reparaît plus à son domicile. Kate apprend de l’établissement médical qui emploie son mari à Melbourne qu’il ne travaille plus chez eux depuis des mois… À Belport où elle habite avec sa famille, Abby, caissière au supermarché local, découvre, dans sa poubelle, des bottes neuves et la combinaison de travail de son époux qui gère une entreprise d’entretien de résidences secondaires dans l’île. Et, cachées dans le garage, des revues homos…
À partir des mystères que constituent leurs maris pour ces deux épouses, se déroule en chapitres alternés – la veuve puis l’épouse – une intrigue sous-tendue par les tensions suscitées par une histoire d’homosexualité dans une société locale rigoriste. Malgré la minceur psychologique des personnages l’intrigue réussit néanmoins à éveiller la curiosité et à créer le suspense, ainsi qu’un sentiment de malaise qui traduit comme un « retour du refoulé». Cette impression est accentuée aux deux-tiers du livre par une sorte de « dérapage narratif » qui ébranle la certitude vers laquelle le lecteur commençait quiètement à cheminer ! Un policier facile à lire, plus complexe qu’il ne paraît au premier abord. (D.M.-D. et M.-N.P.)
«LA CITÉ DES MARGES »
BOYLE William
Ed . Gallmeister
Dans un quartier de Brooklyn, vit une communauté d’origine italienne. Un ancien flic dégradé, séparé de son épouse depuis le suicide de leur fils, travaille pour un mafioso du coin. Une veuve, dont le mari se serait suicidé aussi pour cause de dettes envers le même caïd, peine à élever son fils, grand adolescent, tout comme une troisième femme, qui vit la même situation, et rêve d’écrire un scénario sur tout ce petit monde. Les interactions entre les personnages aboutiront à une conclusion sanglante.
L’auteur fait encore de Brooklyn (Le témoin solitaire, Les Notes octobre 2018) la vedette de ce roman noir. La laideur et la crasse suintent de partout, à l’extérieur comme à l’intérieur des logements. Les personnages, saoulés d’alcool et de chansons à la mode, marinent dans une existence minable sans avenir. Cependant des lueurs émergent, comme la passion de l’adolescent pour l’ex-femme du policier. Divisée en petites saynètes vivantes qui portent le nom des divers personnages et savent les cerner dans des dialogues enlevés, l’histoire avance, inexorablement. La fin explosive se clôt sur une interrogation. William Boyle possède un triple talent, mener une intrigue, peindre une atmosphère et rendre attachants les anti-héros qui l’habitent. (L.K.
«LEUR DOMAINE»
Jo NESBO
Ed. Gallimard (série noire)
Carl et Roy ont seize et dix-sept ans lorsque la voiture de leurs parents tombe au fond d'un ravin. Roy s'installe comme mécanicien dans une station-service du bourg voisin pour subvenir à leurs besoins. Carl, aussitôt sa scolarité finie, file au Canada poursuivre ses études et tenter sa chance. Des années plus tard, Carl revient au pays avec une trop ravissante épouse, mû par un ambitieux projet pour le modeste domaine familial : construire un hôtel spa de luxe qui fera leur fortune et celle de leur communauté, sur laquelle il compte pour financer les travaux. Mais le retour de l'enfant prodigue réveille de vieilles rancœurs et les secrets de famille remontent à la surface. Tandis que les murs du palace peinent à s'ériger, les cadavres s'amoncellent. Leur domaine est un thriller complexe, déroutant, à l'atmosphère irrespirable, dans lequel Jo Nesbø expose avec un réalisme glaçant les rouages des rapports familiaux pervertis.
« EAUX SOMBRES »
Suzanne JANSSON
Traduit par Marianne Ségol
Martin, Alexandra et leurs deux enfants, Adam et Nelly, viennent d'emménager dans la maison de famille, sur une île isolée au large des côtes suédoises. Un matin, alors qu'ils descendent sur la plage, Adam échappe à la vigilance de son père, ne laissant derrière lui qu'un seau rouge et une botte. Malgré l'absence de corps et les menaces reçues par Martin peu de temps auparavant, la police conclut à une noyade. Dévasté par le chagrin et la culpabilité, le jeune père plonge dans une profonde dépression et s'isole même de ses proches. Seule Maya, une photographe quinquagénaire fraîchement débarquée sur l'île, s'obstine à lui rendre visite. Ensemble, ils découvrent que les anciens propriétaires de la maison se sont noyés au même endroit à des années d'intervalle. Martin ne peut croire à une coïncidence. Au fil d'une quête désespérée, cet homme brisé déterrera plus d'un secret...
Un très bon roman rempli de mystères écrit par une main de maître, avec de belles envolées poétiques et une nature présente tout au long de l'histoire
« LES SOEURS DE MONTMORTS »
Jérôme LOUBRY
Éd. CALMANN-LÉVY
Novembre 2021. Julien Perrault vient d’être nommé chef de la police de Montmorts, village isolé desservi par une unique route.
Alors qu’il s’imaginait atterrir au bout du monde, il découvre un endroit cossu, aux rues d’une propreté immaculée, et équipé d’un système de surveillance dernier cri.
Mais quelque chose détonne dans cette atmosphère trop calme. Est-ce la silhouette menaçante de la montagne des Morts qui surplombe le village ? Les voix et les superstitions qui hantent les habitants ? Les décès violents qui jalonnent l’histoire des lieux ?
Dans la lignée des Refuges, un thriller stupéfiant à la construction aussi originale qu’habile, qui vous fera douter de vos certitudes à chaque page.





Novembre 2020
«LE DERNIER MESSAGE»
Nicolas BEUGLET
Editions XO 398 pages
Nicolas BEUGLET est écrivain et journaliste français né en 1974.
« le dernier message » est son 4ème roman.
Nous faisons la connaissance de Grâce CAMPBELL, inspectrice de police à Glasgow. Après un an de « placard » pour avoir échoué dans sa dernière affaire, elle est appelée dans un monastère sur la petite île d’Iona où Anton, un pensionnaire en retraite spirituelle, vient d’être sauvagement assassiné, son corps étrangement mutilé. Anton est un scientifique qui depuis plus d’un an se consacrait en secret à des recherches d’astrophysique d’une extrême complexité.
Grâce va poursuivre l’enquête avec les quelques indices laissés par la victime. Elle voyagera d’Edimbourg, au nord des Highlands dans une grotte préhistorique où une découverte stupéfiante l’attend sous terre. Elle devra pactiser avec Naïs, une agente américaine de la D.I.A. (service secret du Pentagone), leurs enquêtes se croisant, elles iront jusqu’au fin fond du Groenland, là où la vie n’est guère possible. Elles sont confrontées à un vaste complot mondial.
Un thriller trépidant, sans temps mort, entre polar et science-fiction, il est aussi prétexte à une critique appuyée du monde numérique, « véritable fabrique de crétins », on s’attache à l’héroïne fragile mais très déterminée.
«ENTRE FAUVES»
Colin NIEL
Rouergue noir / 338p
L’intrigue a lieu de nos jours en parallèle sur deux territoires : les Pyrénées avec les vallées d’Aspe et d’Ossau ; et le Nord-Ouest désertique de la Namibie, le Kaokoland. Deux régions où les hommes doivent cohabiter avec des grands prédateurs, l’ours et le lion. Des internautes militants contre la chasse voient passer sur les réseaux sociaux une photographie montrant une très belle jeune femme blonde posant en Diane chasseresse avec un arc à la main près du corps d’un lion énorme qu’elle aurait abattu. Il n’y a pas de commentaires, d’adresse seuls les mots Leg Holas sont écrits. Martin, garde du parc des Pyrénées, voit la photo et cela l’irrite profondément car il est connu pour son intransigeance concernant la biodiversité, la conservation du monde animal et la réintroduction de l’ours. Il cherche à savoir qui est la belle jeune femme blonde et mène seul et discrètement son enquête. Il découvre qu’il s’agit d’Apolline, fille adorée de son père, qui a eu comme cadeau pour ses vingt ans une chasse au lion en Namibie. Elle est championne de tir à l’arc, solitaire mais excellente skieuse. En outre elle habite Pau.
Le livre est bien documenté, intéressant, bien écrit et facile à lire. Les scènes de traque et les descriptions des paysages ne lassent pas. Le personnage de Martin est relativement conventionnel. Apolline est de loin le personnage le plus intéressant, le plus nuancé, loin de ce à quoi le lecteur s’attendait, elle a des doutes, elle ne tire pas à tout va. L’auteur sait où il va et dévoile peu à peu son intrigue.Ce roman a beaucoup de qualités qui emportent le lecteur en découvrant un monde souvent inconnu. Un bon livre avec une fin surprenante.
«UNE EVIDENCE TROMPEUSE»
Craig JOHNSON
Ed. Gallmeister
Genre WESTERN
Nous retrouvons avec un grand plaisir Walt Longmire, shérif et héros récurrent de Craig Johnson. Celui-ci arrive à Hulett avec Henry, son ami Cheyenne, lors d’un rassemblement de motards qui se tient dans cette ville du Wyoming chaque année. Peu de temps avant leur arrivée, un grave accident a eu lieu – seulement, en est-ce vraiment un ? Sont impliqués un groupe de bikers plus ou moins violents, une ancienne conquête, femme fatale, des agents sous couverture, un blindé étonnant, des hommes à la mentalité dangereuse, et un fameux engin à deux roues. En outre, une autre enquête pourrait bien se dessiner derrière celle qui tourne autour de l’accident...
Les motos sont des personnages à part entière de ce roman vif et plein d’esprit, tout comme les voitures, véritables montures utilisées par l’auteur pour conférer son allant à cette œuvre. De découvertes en découvertes, Walt, son acolyte et son monstrueux chien avancent lentement, se frayant un chemin dans ce monde étrange fait de tatoués, de bière, de Dirty Martinis, de moteurs et de pistolets.
Les personnages que crée Craig Johnson sont hauts en couleur. Leur caractère, bien trempé, les transforme en humains de chair et d’os, et cela tient beaucoup aux dialogues pleins d’humour noir et caustiques à souhait qui jalonnent ces pages.
Excellent moment de lecture !!!
«LE PRIX DE LA VENGEANCE»
DON WINSLOW
Ed. Harper COLLINS/ 544 pages
Eva Mc Nabb, opératrice d’appels d’urgence pour le 911 à La Nouvelle-Orléans, reçoit un appel relatant l’assassinat d’une policière et l’enlèvement de son coéquipier par les narcotrafiquants qui gangrènent la ville. Il s’agit de Danny, son propre fils, que l’on retrouve mort après des heures d’agonie. Brûlé, brisé, os après os. Dès lors, Eva n’a plus qu’une obsession et convoque son fils ainé, Jimmy, policier lui aussi: « Je veux que tu prennes ta haine à bras le corps. Je veux que tu venges ton frère ».
C’est sur ces notes tragiques que Don Winslow ouvre Le prix de la vengeance. Des bas fond de la nouvelle Orléans aux plages de Hawaï en passant par les côtes de Californie, on y croise des voleurs et trafiquants de haut vol, flics obsessionnels, détectives privés, surfeurs de légendes, fugitifs, autant d’âmes damnées évoluant dans l’envers du rêve américain. Avec ce recueil de six nouvelles, Don Winslow façonne un ouvrage unique et s’impose une fois de plus
« IMPACT»
Olivier NOREK,
Ed. Michel Lafon, 344 pages
Olivier NOREK est l’auteur de 6 romans aux Éditions Michel Lafon:
Code 93, (2013) ; Territoires, (2014); Surtensions, (2016)- ; Entre deux mondes, (2017), Surface (2019) ,
Impact (2020) : Olivier NOREK dénonce dans son dernier roman l’état lamentable de notre planète et la dégradation de notre climat. En cause : ces sociétés qui polluent et détruisent l’environnement Il le fait avec force et conviction parce que c’est une cause à laquelle il croit profondément. « La transition écologique est obligatoire, nous dit-il. Les changements sont inévitables. Là, ce sont les dernières années où on peut faire quelque chose. »
Résumé : Depuis que son enfant est décédé à cause de la pollution, Virgil Solal n'est plus que douleur. A la suite de ce décès Virgil Solal décide de tout faire pour se venger et surtout obliger les États à réagir. Il devient « Activiste écolo » Il en est persuadé, les meurtriers sévissent en toute impunité. Alors un jour, il kidnappe le patron de Total pour faire savoir au monde entier que « le monstre est parmi nous… ». Pour que ces enfants d'Afrique « nés dans le pétrole, nourris au pétrole, brûlés à cause du pétrole », ne soient pas morts pour rien.
Comme à chaque fois avec Olivier Norek, l'enquête est extrêmement bien documentée, parfaitement ficelée et elle ne laisse pas une seconde de répit au lecteur. Ecrivain engagé, il sait appuyer là où ça fait mal, prêt à tout pour que la planète tourne un peu plus rond.
Un roman bien écrit qui se lit rapidement car le lecteur suit avec intérêt une histoire qui ne peut que l’interpeller et le troubler.




