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Littérature Adulte 2017-2018

Juin 2018

«La vie parfaite» 

AVALLONE Silvia   

Ed. Liana Levi

 

Années 2000. Les grandes tours des Lombriconi, cité désespérante de la banlieue de Bologne. Là vit Adèle, dix-sept ans, enceinte de Manuel, en rupture de lycée, impliqué dans des trafics illicites, indifférent à cette maternité non désirée. Abandonnera-t-elle ce bébé, malgré l’aide de Zéno, l’ami fidèle qui rêve d’écrire un roman ? Dora, son professeur verra-t-elle sa douloureuse et obsessionnelle stérilité comblée par une adoption enfin acceptée ?

 

 

La peinture de ce monde aux marges des métropoles, d’un réalisme poignant, fait émerger la profondeur très étudiée des principaux personnages où les frontières entre visible, ressenti, non-dits, sont d’une grande subtilité. Leur douloureuse violence traduit une insatiable soif d’amour. Le désir d’enfant, la responsabilité d’être parents quand les siens sont si désastreux et les pères absents, la joie d'être mère, autant de thèmes développés dans ce roman, beau, puissant, intense, sensible. L’auteur (D’acier, Livre du Mois NB mai 2011), à l'écriture parfois crue, aux phrases en rupture de rythme, aux qualificatifs d’une justesse percutante, raconte des histoires enchevêtrées qui suscitent un questionnement aigu sur notre actualité sociale, sur la solitude de ces adolescents perdus, fragiles, espérant si fortement une vie parfaite.  (A.C. et L.G.)(Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

 

«Dîner avec Edouard» 

VINCENT Isabel  

Ed. Presse de la Cité

 

La porte s'ouvrit brusquement, laissant apparaître un grand monsieur âgé, ses yeux souriant tandis qu'il me prenait la main et m'embrassait sur les deux joues. " Ma chérie ! Je vous attendais. "

Afin d'apaiser une amie installée loin de New York et de son père nonagénaire, Isabel accepte d'aller dîner avec Edward, dévasté par la récente disparition de son épouse. Journaliste, la quarantaine, Isabel aussi traverse une crise : à peine débarquée dans la grosse pomme, elle assiste impuissante au naufrage de son mariage. Mais ce qu'elle ignore, c'est qu'Edward possède d'époustouflants talents de cuisinier, alliés à un sens de l'humour sans faille et à une solide philosophie de l'existence. Pour son hôte, le vieil homme repasse derrière les fourneaux. Et l'invitation ponctuelle devient un rendez-vous régulier, l'occasion pour les deux âmes en peine de reprendre goût à la vie, et foi dans les bienfaits d'un verre de martini ! 
Jalonné de préceptes de savoir-vivre, un petit précis d'optimisme et de gourmandise, un magnifique texte sur le pouvoir de la résilience, l'importance de la lenteur et la force de l'amitié.

 

 

«Patria»

ARAMBURU Fernando 

Ed. Actes Sud

 

Lâchée à l'entrée du cimetière par le bus de la ligne 9, Bittori remonte la travée centrale, haletant sous un épais manteau noir, bien trop chaud pour la saison. Afficher des couleurs serait manquer de respect envers les morts. Parvenue devant la pierre tombale, la voilà prête à annoncer au Txato, son mari défunt, les deux grandes nouvelles du jour : les nationalistes de l'ETA ont décidé de ne plus tuer, et elle de rentrer au village, près de San Sebastián, où a vécu sa famille et où son époux a été assassiné pour avoir tardé à acquitter l'impôt révolutionnaire. Ce même village où habite toujours Miren, l'âme soeur d'autrefois, de l'époque où le fils aîné de celle-ci, activiste incarcéré, n'avait pas encore de sang sur les mains - y compris, peut-être, le sang du Txato. Or le retour de la vieille femme va ébranler l'équilibre de la bourgade, mise en coupe réglée par l'organisation terroriste. Des années de plomb du post-franquisme jusqu'à la fin de la lutte armée, Patria s'attache au quotidien de deux familles séparées par le conflit fratricide, pour examiner une criminalité à hauteur d'homme, tendre un implacable miroir à ceux qui la pratiquent et à ceux qui la subissent. L'ETA vient de déposer les armes mais pour tous une nouvelle guerre commence : celle du pardon et de l'oubli.

 

 

«Tout ce que je te donnerai» 

RENONDO Dolores  

Ed. Fleuve

 

Interrompu un matin dans l'écriture de son prochain roman, Manuel Ortigosa, auteur à succès, trouve deux policiers à sa porte. 
Cela aurait pu n'être qu'un banal et triste accident – une voiture qui, au petit jour, quitte la route de façon inexpliquée. Mais le mort, Álvaro Muñiz de Dávila, est le mari de Manuel, et le chef d'une prestigieuse dynastie patricienne de Galice. Dans ce bout du monde aussi sublime qu'archaïque commence alors pour Manuel un chemin de croix, au fil duquel il découvre qu'Álvaro n'était pas celui qu'il croyait. Accompagné par un garde civil à la retraite et par un ami d'enfance du défunt, il plonge dans les arcanes d'une aristocratie où la cupidité le dispute à l'arrogance. 
Il lui faudra toute sa ténacité pour affronter des secrets impunis, pour lutter contre ses propres démons, et apprendre qu'un rire d'enfant peut mener à la vérité aussi sûrement que l'amour.

 

 

«Sequoias»  

MOUTOT Michel  

Ed. Seuil

 

Au milieu du XIXe siècle, les frères Fleming, issus d’une famille de chasseurs de baleines de Nantucket, sont attirés par l’or découvert en Californie. Ils s'embarquent à bord du Freedom, navire dont ils ont hérité à la mort de leur père. Arrivés à San Francisco, les deux hommes font des choix différents : le cadet Michaël s’en va à la recherche des filons alors que l’aîné Mercator, plus réfléchi, s’établit sur place pour participer au développement de la ville, abattant des séquoias qu’il tronçonne et revend.

 

 

C’est un récit plein d’allant et de verve, très précisément situé géographiquement et historiquement, joliment agrémenté de faits divers intéressants au moment où la Californie va être admise dans l’Union. Le journaliste Michel Moutot, pour son deuxième livre, évolue avec bonheur dans le milieu des chercheurs d’or de tous poils auxquels doivent se mesurer ses héros. Tirant admirablement parti de cette foule d’immigrés d’origines et motivations diverses, il sait, grâce à une documentation de premier ordre, en faire le roman d’aventures de tous les dangers, de tous les possibles. Souffle épique, finesse et intensité des caractères, justesse des dialogues, efficacité d’une plume opportunément allusive ou détaillée, rebondissement et émotion sur fond d’Histoire. C’est captivant. (J.M. et C.R.P.)(Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

 

«La vie secrète d’Elena Faber»  

CANTOR Jillian  

Ed. Préludes

 

Autriche, 1938. Kristoff, jeune orphelin viennois, est apprenti chez Frederick Faber, un maître graveur, créateur de timbres, lorsqu'éclate la nuit de cristal. Après la disparition de son professeur, Kristoff commence à travailler pour la résistance autrichienne avec la belle et intransigeante Elena, la fille de Frederick dont il est tombé amoureux. Mais tous deux sont bientôt pris dans le chaos de la guerre. Parviendront-ils à échapper au pire ?
Los Angeles, 1989. Katie Nelson découvre dans la maison familiale une riche collection de timbre appartenant à son père. Parmi ceux-ci, une mystérieuse lettre scellée datant de la Seconde Guerre mondiale et ornée d'un élégant timbre attire son attention. Troublée, Katie décide de mener l'enquête, aidée de Benjamin, un expert un peu rêveur...

Entre passion et tragédie, à travers les décennies et les continents, ce roman poignant, profondément émouvant et déjà traduit dans neuf langues, lie une des périodes les plus sombres de l'Histoire à un présent plein d'espoir. Dans la lignée d'un goût de cannelle et d'espoir, de Sarah McCoy, il célèbre la puissance de la mémoire et la longévité de l'amour.

Mai 2018

«Sainte-Croix les vaches»   

RAVALEC Vincent  

Ed. Fayard

 

Imaginez un désert rural. Un endroit où… il n’y a rien. Plus de médecin. Plus d’école ni de gendarmerie.
Pourtant, les quelques habitants de Sainte-Croix-les-Vaches semblent assez heureux… Loin de se laisser aller, ils ont mis en place un système D… très efficace ! Thomas Sorlut, leur maire, s’est transformé en Parrain rural. Escroquerie aux subventions, plantations de cannabis, base arrière pour des équipes de braqueurs… Un petit business florissant dans lequel s’épanouissent ses administrés !
Loin, bien loin de la civilisation, il fait plutôt bon vivre chez ces néomafieux… Jusqu’au jour où débarque Sheila, députée En­ Avant ! bien décidée à « désenclaver » Sainte-Croix !
Pleine de bonne volonté, et incroyablement ambitieuse, la charmante Sheila veut faire de Sainte-Croix-les-Vaches un laboratoire rural –­  fab-lab en nov’langue­  – de toutes les « bonnes solutions » d’En­ Avant !
Séisme à Sainte-Croix ! Comment nos tontons flingueurs vont-ils se débarrasser de cette « Parisienne » ?

 

 

«L’aile des vierges»     

PEYRIN Laurence 

Ed. Calmann-Levy

 

Angleterre, avril 1946. La jeune femme qui remonte l’allée  de Sheperd House, majestueux manoir du Kent, a le coeur lourd. Car aujourd’hui, Maggie Fuller, jeune veuve au fort caractère, petite-fille d’une des premières suffragettes, fille d’une sage-femme féministe, entre au service des très riches Lyon-Thorpe.

Elle qui rêvait de partir en Amérique et de devenir médecin va s’installer dans une chambre de bonne. Intégrer la petite armée de domestiques semblant vivre encore au siècle précédent n’est pas chose aisée pour cette jeune femme cultivée et émancipée. Mais Maggie va bientôt découvrir

qu’elle n’est pas seule à se sentir prise au piège à Sheperd House et que, contre toute attente, son douloureux échec sera le début d’un long chemin passionnel vers la liberté.
 

 

 

«La vérité sur la comtesse Berdaiev» 

ROUART Jean Marie

ED. Gallimard

 

Pourquoi le destin s'acharne-t-il sur la comtesse Berdaiev ? Aristocrate très belle et très libre, elle appartient à la communauté des Russes blancs, ces exilés qui ont fui l'Union soviétique après la révolution de 1917. Personnalités fantasques et passionnées, minées par la nostalgie et songeant à des projets impossibles, ils ont du mal à trouver leur place dans une société française qui les regarde comme des vestiges anachroniques. Cherchant dans l'amour et dans l'étourdissement des plaisirs un remède à leur mal de vivre, partagés entre la misère et l'opulence, prêts à tous les expédients pour survivre, ils sont la proie de tous les faux donneurs d'espoir et surtout de leurs rêves. Déjà victime de l'Histoire qui l'a condamnée à l'exil et à la ruine, la comtesse Berdaiev va se trouver impliquée dans une affaire de moeurs éclaboussant le milieu politique dans les débuts ténébreux de la V ? République. Librement inspiré du scandale des Ballets roses, ce roman renoue avec les thèmes chers à Jean-Marie Rouart : la passion amoureuse confrontée avec la brutalité du pouvoir, face à une société qui se veut toujours moralisatrice.

 

 

«Les anges et tous les saints» 

J COURTNEY Sullivan 

Ed. Rue Fromentin

 

Dans les années 1950, Nora et Theresa Flynn, âgées de 17 et 21 ans, quittent leur village d'Irlande pour vivre à Boston, aux USA. Nora est raisonnable et Theresa vit cet exil comme une chance. La grossesse de cette dernière modifie en profondeur la vie des deux jeunes filles. 
50 ans plus tard, une mort soudaine rapproche Nora et Theresa. Elles devront affronter les choix faits dans le passé.

 

 

«Le foyer des mères heureuses» 

MALLADI Amulya 

Ed. Mercure de France

 

De toute évidence, ce n'était pas la façon idéale d'avoir un bébé, mais après trois fausses couches et trois vaines tentatives de fécondation in vitro qui leur avaient coûté chacune dix mille dollars, la gestation pour autrui était devenue la seule solution, pour avoir un enfant, pour fonder une famille. La première fois qu'elle soumit l'idée à Madhu, il l'avait regardée avec des yeux ronds : "Tu as perdu la tête ou quoi ? Tu ne peux pas louer le ventre d'une femme. - Je veux un enfant et c'est notre dernière chance. Je veux la tenter". Elles n'auraient jamais dû se rencontrer : Priya, Américano-Indienne, mariée à un brillant homme d'affaires, à l'avenir tout tracé aux Etats-Unis, et Asha, petite paysanne indienne, mariée à un brave homme couvert de dettes, deux enfants, sans argent et sans avenir. Priya sait qu'elle ne sera jamais mère. Elle sait aussi qu'en Inde on peut facilement recourir aux "services" d'une mère porteuse, il suffit de payer. Et le mari d'Asha a entendu parler de ce qu'il faut bien appeler un "commerce" . La machine ne sera pas longue à se mettre en marche. Ce roman, très émouvant, n'est pas écrit pour porter un ou des jugements. Il raconte l'histoire, puis le face-à-face, pas toujours facile, de ces deux femmes que tout sépare et que va réunir ce qu'il y a de plus beau, de plus important : un enfant.

 

 

«La maison aux orangers»  

HAJAJ Claire 

Ed. Les Escales

L'amour peut-il grandir là où la haine a été semée ?

Jaffa, Palestine, 1948. Salim attend impatiemment le jour de ses huit ans. Enfin, il va pouvoir accompagner son père pour la cueillette des oranges, symbole du passage à l'âge adulte. Mais il n'aura jamais cette joie : la guerre israélo-arabe débute et sa famille est obligée de fuir en laissant derrière elle la maison et les orangers.

Sunderland, Angleterre, 1959. Judit, douze ans, doit préparer sa bat-mitsvah. Elle voudrait pourtant oublier son prénom trop connoté, le poids écrasant du passé familial hanté par les pogroms russes et les camps allemands, et se jette à corps perdu dans la natation.

Londres, 
swinging sixties. Lorsque leurs chemins se croisent, Judit et Salim tombent follement amoureux. Comment réussir à imposer leur histoire? Parviendront-ils à faire fi du poids du passé et à surmonter les embûches qui les attendent ?

Avril 2018

«La route de la mer»   

LE GUILLOU Philippe 

Ed. Gallimard

 

Sur les docks de la Tamise, il contemple ses sculptures de bronze, inconsolable de la mort de sa soeur Anna, pianiste adulée. Il revisite ses souvenirs douloureux et arpente « ses paysages perdus ». Défilent sous ses yeux, des scènes, des lieux, des villes auxquels il associe un petit nombre de personnes qui ont compté pour lui, mais la haute figure de la virtuose éclipse tout.

 

 

Reprenant les thèmes récurrents dans son oeuvre (Géographies de la mémoire, NB avril 2016), l’auteur explore ici la « gémellité mystérieuse », scellée dans la musique, qui unit un frère à sa soeur dans leurs parcours d’artistes torturés. La personnalité complexe du frère, à la recherche de lui-même, hanté par ses fantasmes refoulés et ses modèles ambigus, est troublante. Son égérie, femme passionnée, dévorée par la musique et plus tard par la maladie, ne laisse pas indifférent. L’écriture très littéraire, picturale, donne à ce texte une tension et une densité touchane. L’abondance de références culturelles confirme la grande érudition de Philippe le Guillou ; quelques passages un peu longs desservent ce beau requiem. (R.C.G. et M.-N.P.) (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

 

 

 

«Une verrière sous le ciel» 

HARNAKOVA-CIVADE Lenka 

Ed. Alma

 

" Dans les contes de mon pays, il y a souvent trois fées qui se penchent sur le berceau du bébé pour lui souhaiter une vie de telle ou telle couleur, sous de bons auspices ou au contraire pleine d'embûches. À quoi cela tient-il ? À leur bonne humeur ? "

Il était une fois, en 1988, une jeune fille envoyée en colonie de vacances en France par le parti communiste tchécoslovaque. Au dernier moment, sur le quai de la gare de l'Est, Ana refuse de rentrer. Elle vient d'avoir 18 ans et décide de changer le cours de son destin. 

Écrit avec la même splendide énergie que Giboulées de soleil (Prix Renaudot des lycéens 2016), Une verrière sous le ciel nous place dans le Paris de la fin des années 1980, auprès d'un personnage qui se demande comment grandir, être libre, connaître le monde au-delà des apparences. Elle le découvrira à travers les mots et les gestes des autres.

 

 

«L’appel du fleuve» 

OLEN BUTLER Robert 

Ed. Actes Sud

 

Floride, région de Tallahassee. William est un père difficile, vétéran de la seconde guerre mondiale, il tient à ce que ses deux fils participent au conflit vietnamien. Cinquante ans plus tard le cadet, Jimmy, n’est jamais revenu du Canada, et Robert, l’aîné, professeur d’histoire, n'est guère attaché à son père. Les épouses des trois hommes jouent des rôles importants dans leurs vies, mais ont des influences très différentes sur eux. Bob, un SDF assez perturbé, a également souffert d’un père violent. 

 

 

Robert Olen Butler a servi au Viêtnam comme interprète, il a beaucoup, et avec succès, écrit sur ce pays dont il est resté très proche. Le titre américain évoque un épisode du livre assez poignant. La psychologie des personnages est essentielle dans la trame du récit. La séparation, la rancoeur, l’éloignement mais également les réminiscences et les sentiments dissimulés sont minutieusement étudiés. Parfaitement écrit, le roman, avec une part possible d’autobiographie, se lit avec beaucoup d’intérêt. Il témoigne de la trace importante et indélébile qu’a laissée la guerre du Viêtnam dans la société américaine. (E.G. et A.Be.) (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

 

 

 

«Le serpent de l’Essex» 

PERRY Sarah 

Ed. Bourgeois

 

Fin du XIXe siècle. Il était une fois, avec un recteur et sa fragile épouse estimés de tous, un petit village dont la vedette était un hypothétique monstre marin, mythe récurrent depuis un séisme ancien. Un jour, débarquent Cora, une jeune veuve londonienne, et tout son entourage, fils, nourrice, amis…

 

 

D’emblée, le charme opère et vous prend dans les rets de ses paysages brumeux où, au crépuscule, ciel, terre et mer se marient dans une étrange alchimie, amplifiée par le mystère du fameux serpent à qui sont attribués noyades ou disparitions. C’est dans cette ambiance gothique que Sarah Perry campe, avec abondance et justesse de sentiments, un large éventail de personnages, population du terroir superstitieuse, gens éduqués de la capitale, confrontés aux nouvelles avancées scientifiques et sociales. Mais son tour de force réside dans le superbe portrait de Cora, femme libre, moderne, flamboyante, bourreau des coeurs des deux sexes, qui s’assume telle qu’elle est. Première traduction en français d’une auteure primée au Royaume-Uni, ce livre très séduisant est mené avec le talent dont les romancières anglaises ont le secret.  (L.K. et M.F.) (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

 

 

«Camarade Anna» 

BOGATYREVA Irina 

Ed. Albin Michel

 

Onze heures quarante-cinq, station "Prolétaires". Chaque soir, Anna sort du métro : sa démarche est rapide, son visage fin, volontaire, sévère. Valia, débarqué à Moscou pour étudier l’informatique, l’a remarquée et s’est décidé à l’aborder. Membre du groupe des "jeunes patriotes", Anna l’entraîne dans leurs réunions secrètes où – jeu ? nostalgie ? idéologie ? – ils ressuscitent le passé révolutionnaire et le ton des soviets. Médusé, peu client de leur critique du monde actuel, Valia s’amourache pourtant d’Anna, tente de se faire aimer. Difficile ; pour elle l’amour est si "petit-bourgeois" !

 

 

Irina Bogatyrena naît dans la même ville que Lénine, étudie la littérature à Moscou, publie cinq romans et reçoit quelques prix. Ce livre ne raconte pas la période soviétique mais cible avec finesse quelques visages archétypiques de la jeunesse russe actuelle. C’est aussi une histoire, celle d’une rencontre humaine, de deux visions du monde affrontées, d’une tentative de les concilier. La plume de l’auteur se plie, flexible, dans des slogans marxistes rabâchés, dans des formules contemporaines ironiques faussement détachées, ou dans des tournures narratives heureuses d'une bonne conteuse. Un regard subtilement acéré, de l’humour, un joli roman. (C.R.P. et C.-M.T.) (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

 

 

«Ma très chère grande sœur» 

JI_YOUNG Gong 

Ed. Picquier

 

Alors que Jiang a justement rêvé de sa grande soeur Bongsun, sa mère lui apprend que celle-ci s’est à nouveau enfuie, cette fois avec un colporteur de chiens. Bongsun, récemment abandonnée, est entrée dans la famille de Jiang à l’âge de neuf ans. Elle en a douze lorsque naît Jiang à Séoul et elle devient une seconde mère pour elle. C'est une conteuse hors pair, attentive : l’enfant s’attache à elle et la suit partout. Toutes deux grandissent. À dix-neuf ans, Bongsun disparaît avec un vaurien.

 

 

Gong Ji-young (L’échelle de Jacob, NB janvier-février 2016), dont Jiang est le diminutif, revient, dans ce roman autobiographique, sur le sort des déshérités dans une Corée pauvre, sous la pression d’une dictature forte. Ici elle raconte ses années d’enfance où, petite fille très précoce, elle scrutait le monde alentour. Monde enfantin où les relations de voisinage ne sont pas très faciles. Au travers du personnage de sa « grande soeur », le portrait de ces petites bonnes sans éducation, mal-aimées, battues, violentées, mais innocentes et travailleuses, pince le coeur. Une romancière très célèbre dans son pays, à l’écriture fine et légère qui se lit avec délices. (A.M. et J.D.) (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

 

 

«Beau ravage»

BOLLEN Christopher 

Ed. Calman-Levy

 

Ian, jeune homme issu du milieu new-yorkais huppé, se retrouve soudain déshérité. Il repense alors à Charlie, son richissime meilleur ami d enfance d origine grecque qui mène désormais une vie rêvée à Patmos, entre yachts de luxe et soirées festives.
Charlie invite aussitôt son vieil ami à le rejoindre dans son paradis. Cependant, Ian n a pas la tête à passer du bon temps: son seul but est d emprunter de l argent à Charlie, ce qui se révèle plus compliqué que prévu. Charlie finit par refuser, mais lui fait néanmoins une offre inespérée: devenir son bras droit dans la compagnie de location de yachts qu il a fondée récemment. Un bon salaire et un toit gratuit, alliés au plaisir d avoir retrouvé sur l île une femme aimée Ian ne peut qu accepter.
À partir de ce moment, l Éden vire au cauchemar : Charlie disparaît du jour au lendemain, laissant Ian découvrir qu il est loin d être un saint... Alors que Ian tente de retrouver sa trace, il prend conscience du piège dans lequel il est tombé.

Dans un cadre de rêve, une descente aux enfers addictive qui questionne les faux -semblants, la force de l amitié et le poids du destin.

Mars 2018

«Trois filles d’Eve»

  SHAFAK Elif 

Ed. Flammarion

Mariée à un riche promoteur, Peri assiste à un grand dîner dans une somptueuse villa du Bosphore. Au cours du repas, chacun commente les événements dramatiques que traverse la Turquie pendant qu’elle repense à sa jeunesse, à l’affrontement entre son père laïc et sa mère très pieuse, puis étudiante à Oxford entre ses deux amies : Shirin, Iranienne émancipée, et Mona, musulmane pratiquante et féministe.
Elle se remémore aussi sa rencontre avec Azur, le flamboyant professeur de philosophie qui les a réunies. Cette soirée pas comme les autres fera ressortir les contradictions de la femme d’aujourd’hui et les impasses dans lesquelles se débat une société coincée entre tradition et modernité.
Elif Shafak signe une satire violente de la bourgeoisie stambouliote comme du fanatisme religieux, également aveugles aux aspirations d’une jeunesse en quête de vérité et de liberté.

 

 

«Nage libre»

   BERGMANN Boris 

Ed. Calmann-Lévy

Du haut de son HLM parisien, l’horizon d’Issa se resserre: il vient de rater son bac et n’a pas le moindre projet d’avenir. Par chance, son ami Élie lui propose de le former pour devenir maître-nageur – excellent prétexte pour passer l’été ensemble. Mais Issa garde d’épouvantables souvenirs d’enfance de la piscine.

Il se prête néanmoins au jeu, se faisant violence chaque jour pour dompter le bassin. Sous l’eau, l’enjeu sportif se mue bientôt en un vaste éveil des sens où chaque corps déclenche son désir d’adulte. Plus que le crawl, la conquête de l’autre devient l’obsession d’Issa. Mais la «zone» dans laquelle il vit le laissera-t-elle ainsi s’abandonner ? Et, surtout, sera-t-il là pour Élie quand il aura à son tour besoin d’un ami ? De son style nerveux et acéré, Boris Bergmann dresse le portrait d’une jeunesse qui se débat pour être libre, signant ici un roman d’une grande sensibilité.

 

 

«Des jours sans fin» 

BARRY Sébastien 

Ed. Joëlle Losfeld

Chassé de son pays d'origine par la Grande Famine, Thomas McNulty, un jeune émigré irlandais, vient tenter sa chance en Amérique. Sa destinée se liera à celle de John Cole, l'ami et amour de sa vie. Dans le récit de Thomas, la violence de l'Histoire se fait profondément ressentir dans le corps humain, livré à la faim, au froid et parfois à une peur abjecte. Tour à tour Thomas et John combattent les Indiens des grandes plaines de l'Ouest, se travestissent en femmes pour des spectacles, et s'engagent du côté de l'Union dans la guerre de Sécession. Malgré la violence de ces fresques se dessine cependant le portrait d'une famille aussi étrange que touchante, composée de ce couple inséparable, de Winona leur fille adoptive sioux bien-aimée et du vieux poète noir McSweny comme grand-père. Sebastian Barry offre dans ce roman une réflexion sur ce qui vaut la peine d'être vécu dans une existence souvent âpre et quelquefois entrecoupée d'un bonheur qui donne l'impression que le jour sera sans fin.

 

 

«L’infinie patience des oiseaux»

MALOUF David

Ed. Albin Michel

Lorsqu'en 1914, Ashley Crowther revient en Australie, dans le Queensland, pour s'occuper de la propriété héritée de son père, il découvre un paysage merveilleux peuplé de bécasses, d'ibis et de martins-chasseurs. Il y fait également la connaissance de Jim Saddler, la vingtaine comme lui, passionné par la faune sauvage de l'estuaire et des marais. Au-delà de leurs différences personnelles et sociales, les deux jeunes hommes ont en commun un véritable amour de la nature. Et ils partagent un rêve : créer un sanctuaire destiné aux oiseaux migrateurs.
Loin de là, l'Europe plonge dans un conflit d'une violence inouïe. Celui-ci n'épargnera ni Jim, qui rejoint un camp d'entraînement à Salisbury, ni Ashley, envoyé à Armentières. Seul témoin de la parenthèse heureuse qui les a réunis, Imogen, une photographe anglaise amoureuse comme eux des oiseaux, saura-t-elle préserver le souvenir des moments exceptionnels qu'ils ont connus ?
Traduit pour la première fois en français, ce roman signé par l'un des plus grands écrivains australiens contemporains, et publié il y a près de quarante ans, s'impose avec le temps comme un chef-d'oeuvre empreint de poésie et de lumière.

 

 

«Bluff»

FAUQUEMBERG David

Ed. Stock

« Silence quand il entra, pas un regard sur lui – il aurait pu être un fantôme. Dehors il pleuvait froid, c’était la tempête. Dockers et pêcheurs désoeuvrés : si cette assemblée d’hommes ne vous dissuadait pas, c’est que vous cherchiez
les histoires. On ne poussait jamais par hasard la porte de l’Anchorage Café, surtout en plein hiver austral, quand les rafales soufflées de l’Antarctique tourmentaient sans répit le sud de la Nouvelle-Zélande. On apercevait d’ici la fumée blanche des déferlantes qui saccageaient depuis deux jours les eaux pourtant abritées de Bluff Harbour. Au large, c’était l’enfer. »

 

 

«Quatre lettres d’amour»

WILLIAMS Niall

Ed. H.d’Ormesson

Quatre lettres d'amour est un récit qui ne craint pas de s'aventurer sur le terrain du merveilleux, qui nous dit l'âme irlandaise, la magie d'aimer, l'enfance perdue et le miracle d'être vivant. Un récit où chaque signe du hasard est éloquent, où le destin et dieu se mêlent de la vie des hommes pour décupler la force de l'amour. 
 

Sur une petite île au large de Galway, Isabel Gore grandit paisiblement. Après une adolescence en internat, elle suit le schéma familial et fait un mariage de raison, avec un homme qui ne la mérite pas. Dans la banlieue de Dublin, Nicholas Coughlan voit son enfance se déliter le jour où dieu pousse son père à abandonner son travail pour devenir peintre, conformément à son aspiration profonde. Des années plus tard, le jeune homme se met en quête du dernier tableau peint par son père qui appartient désormais à la famille Gore. Lorsque Isabel et Nicholas se rencontrent c'est le coup de foudre. 
Alors que Nicholas dépérit d'amour, et qu'Isabel est retournée auprès de son mari, il va lui révéler sa flamme. Mais aucune de ses trois premières lettres, interceptées par la mère de la jeune fille, n'arriva à bon port. Incapable de renoncer, Nicholas écrira une dernière missive et le destin, encore une fois, s'en mêlera. 

Fevrier  2018

«Douces déroutes»        

 LAHENS Yanick

Ed. Sabine Wespieser          

 

Port-au-Prince, novembre 2015. Le juge Berthier, intègre, père de Brune, jeune chanteuse douée, est assassiné. Son beau-frère Pierre, avocat homosexuel, tente d'enquêter sur ce meurtre, secondé par Cyprien, amant de Brune. De l'autre côté de la ville, dans une « fourmilière » – un bidonville – les mères tiennent les familles à bout de bras. Ezechiel, étudiant famélique, un « ventre faim », noue des liens avec Joubert qui, déjà un pied dans le banditisme, exhibe armes puissantes et belles voitures. Francis, un journaliste français, va changer la donne…     Dans ce nouveau roman de Yanick Lahens, prix Femina en 2014 pour Bain de lune (NB septembre 2014), le paradoxe est à son comble, la violence est toujours l'adversaire de la tendresse, la musique et les spectacles face à l’injustice et au crime organisé. Au coeur d’une capitale dont l’auteure connaît bien les bas-fonds, la lumière peine à se faire sur l'assassinat. Dans une langue riche d'expressions créoles, tournent les mots, les couleurs, les notes de musique. C’est moins la soif de vérité que la vie dans cette ville violemment atypique – roublardise, colère, sang, larmes et beauté… – qui peut intéresser. (C.M. et M.-C.A.)(Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

«La grande roue»          

PEYLIN Diane

Ed. Les Escales          

 

Quatre êtres déboussolés et solitaires aux destins croisés et chaotiques sont les héros de ce roman à l’écriture simple et poétique, pleine d’empathie. Un conte cruel sur les variations de l’âme humaine. Tess, une femme sans âge dont on imagine la beauté fracassée, erre en ville nuit après nuit. Elle ne sait pas trop ni qui elle est, ni où elle va, ni ce qu’elle a fait par le passé…  Bien des années auparavant, Emma, quant à elle, avec des parents centrés sur leur commerce a connu une enfance sans joie. Et voilà qu’à dix-neuf ans elle découvre le grand amour dans une fête foraine. Elle devient alors la ravissante “poupée” de Marc, son jouet puis sa victime après la naissance de leurs deux enfants. Il y a ensuite David, très fragile, un peu perdu et même amnésique qui trouve refuge dans une famille d’exploitants agricoles en montagne. Enfin le dernier personnage à entrer en scène est Nathan qui, jeune adulte, passe beaucoup de temps dans le bureau d’un commissaire de police qui enquête sur la disparition de sa mère depuis une vingtaine d’années. Quel est le fil rouge dans ce chaos, cette violence et ce labyrinthe ? Au fil d’une série de courts chapitres d’une écriture simple mais débordante de poésie, l’auteur raconte tour à tour - et dans le même ordre- la vie de ces quatre êtres totalement déboussolés et solitaires. Diane Peylin sait trouver les mots, les rythmes et le style pour évoquer de façon très pertinente et grâce à une multitude de détails révélateurs, les différences dans l’errance et la désespérance de chacun d’entre eux. Elle crée ainsi très habilement une empathie profonde à leur égard, doublée de l’envie croissante de comprendre ce qui peut lier tous ces destins les uns aux autres. Comme dans un conte cruel c’est un étonnant périple plein de rebondissements inattendus dans les variations subtiles de l’âme humaine, cette grande roue de la vie comme elle va… avec ses hauts et ses bas. A découvrir ! (P.B., E.C. et C.G.)(Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

«Falaise des fous»          

GRAINVILLE Patrick

Ed.du Seuil          

 

Charles, blessé en Algérie, revient en Normandie, sa terre natale. Initié par son oncle à l’art et la littérature, il devient le spectateur du passage d’artistes peintres et d’écrivains, tous inspirés par cette province, sa mer, ses paysages, ses hommes. Ils dessinent, de 1868 à 1927, une fresque historique et culturelle qui recèle aussi les passions incandescentes de Charles.     Claude Monet est le fil conducteur de ce récit construit autour des tableaux du peintre. La Terrasse à Sainte-Adresse est associée au Havre, les Falaises à Etretat, les Cathédrales impressionnistes à Rouen. Analysées par un narrateur – le héros – désormais amateur très éclairé, les oeuvres font vivre une actualité marquée par les guerres de 70, de 14, l’Exposition universelle, l’affaire Dreyfus, et s’achève avec les Nymphéas de Giverny. L’auteur (Le démon de la vie, NB mars 2016) écrit ce roman à la première personne, dans un style baroque. Emporté par sa fougueuse et lyrique expressivité, il s’autorise parfois quelques formules déconcertantes ! Scandé par des rencontres fécondes, imprégné d’une sensualité esthétisante et d’un érotisme maîtrisé, l’ouvrage révèle la sensibilité d’un écrivain attaché à son terroir et aux artistes qui l’ont célébré. (A.C. et M.S.-A.)

(Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

«Un autre Brooklyn»  

Woodson  Jacqueline  

Ed. Stock

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sylvie Schneiter

 

« La première fois que j’ai vu Sylvia, Angela et Gigi, ce fut au cours de cet été-là. Elles marchaient dans notre rue, en short et débardeur, bras dessus bras dessous, têtes rejetées en arrière, secouées de rire. Je les ai suivies du regard jusqu’à ce qu’elles disparaissent, me demandant qui elles étaient, comment elles s’y étaient prises pour… devenir. »

 

«Les guerres de mon père»  

Schneck Colombe  

Ed. Stock

 

« Quand j’évoque mon père devant ses proches, bientôt trente ans après sa mort, ils sourient toujours, un sourire reconnaissant pour sa générosité. Il répétait, il ne faut laisser que des bons souvenirs. Il disait aussi, on ne parle pas des choses qui fâchent. À le voir vivre, on ne pouvait rien deviner des guerres qu’il avait traversées. J’ai découvert ce qu’il cachait, la violence, l’exil, les destructions et la honte, j’ai compris que sa manière d’être était un état de survie et de résistance. Quand je regarde cette photo en couverture de ce livre, moi à l’âge de deux ans sur les épaules de mon père, je vois l’arrogance de mon regard d’enfant, son amour était immortel. Sa mort à la sortie de l’adolescence m’a laissée dans un état de grande solitude. En écrivant, en enquêtant dans les archives, pour comprendre ce que mon père fuyait, je me suis avouée, pour la première fois, que nous n’étions pas coupables de nos errances en tout genre et que, peut-être, je pouvais accepter d’être aimée. »

 

«Une longue impatience»  

Josse Gaëlle  

Ed. Noir/Blanc

 

« C’est l’histoire d’un fils qui part et d’une mère qui attend. C’est un amour maternel infini, aux portes de la folie. C’est l’attente du retour, d’un partage, et le rêve d’une fête insensée. C’est un couple qui se blesse et qui s’aime. C’est en Bretagne, entre la Seconde Guerre mondiale et les années soixante, et ce pourrait être ailleurs, partout où des femmes attendent ceux qui partent, partout où des mères s’inquiètent. » Une femme perd son mari, pêcheur, en mer, elle se remarie avec le pharmacien du village. Son fils, issu de sa première union, a du mal à s’intégrer dans cette nouvelle famille et finit par lui aussi prendre la mer. Commence alors pour la narratrice une longue attente qu’elle tentera, tant bien que mal, de combler par l’imagination du grand banquet qu’elle préparera pour son fils à son retour. Encore une fois, par son écriture sensible et sans faille, Gaëlle Josse nous entraîne dans les méandres de l’amour.

 

 

«Les rêveurs»  

Carré Isabelle  

Ed. Grasset

 

«  On devrait trouver des moyens pour empêcher qu’un parfum s’épuise, demander un engagement au vendeur – certifiez-moi qu’il sera sur les rayons pour cinquante ou soixante ans, sinon retirez-le tout de suite. Faites-le pour moi et pour tous ceux qui, grâce à un flacon acheté dans un grand magasin, retrouvent l’odeur de leur mère, d’une maison, d’une époque bénie de leur vie, d’un premier amour ou, plus précieuse encore, quasi inaccessible, l’odeur de leur enfance…  »   I. C.   Quand l’enfance a pour décor les années 70, tout semble possible. Mais pour cette famille de rêveurs un peu déglinguée, formidablement touchante, le chemin de la liberté est périlleux. Isabelle Carré dit les couleurs acidulées de l’époque, la découverte du monde compliqué des adultes, leurs douloureuses métamorphoses, la force et la fragilité d’une jeune fille que le théâtre va révéler à elle-même. Une rare grâce d’écriture.

Décembre 2017

«Ör»   

 ÓLAFSDÓTTIR Audur Ava

Trad. de l' islandais par Catherine Eyjólfsson.

Ed: Zulma
 


 

Jonas emprunte un fusil à son voisin Svanur. Divorcé depuis deux ans, il a quarante-neuf ans et n’a pas touché une femme depuis plus de huit ans. Les trois femmes de sa vie, sa mère, son ex-épouse et sa fille, s’appellent toutes Gudrun. Triste et solitaire, il envisage de disparaître. Auparavant, il met ses affaires en ordre et décide de partir dans un pays dangereux où sa mort passera inaperçue. Dans ce pays où règne la désolation, Jonas débarque à l’Hôtel Silence…

 Après Rosa candida (NB février 2011) et Le rouge vif de la rhubarbe (NB octobre 2016), l’Islandaise, Audur Ava Ólafsdóttir continue de se pencher sur des personnages chahutés par la vie. En pleine crise existentielle, son héros part à la rencontre de la mort. Il atterrit dans un pays ravagé par une guerre féroce qui vient de s’achever, un pays meurtri couvert d’une poussière grise. Dans l’Hôtel Silence survivent une jeune femme, son petit garçon et son jeune frère. Il découvre alors qu’il n’est plus si urgent de mourir au pays de la mort. La romancière décrit, avec beaucoup de délicatesse et d’émotion, les dommages d’une guerre terrible et son impact sur cet homme fragile. (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

«Gabriële»  

 BEREST Anne et BEREST Claire

Ed: Stock
 

 

Les 2 sœurs Anne et Claire BEREST, romancières, ont découvert dernièrement qu’elles avaient une arrière grand-mère,  dont elles n’avaient jamais entendu parlé , Gabriële Buffet,  épouse du peintre Picabia, née en 1881 et morte à 104 ans en 1985. Elles ont décidé d’écrire à quatre mains une biographie romancée sur cette arrière grand-mère hors du commun, très indépendante, dotée d’une forte personnalité dont leur grand-père Vicente était le fils benjamin. Un grand père qu’elles n’ont pas connu, qui s’est donné la mort à 27 ans, laissant derrière lui une fillette orpheline, leur mère, Lélia Picabia – à qui elles dédient le livre.

Gabriele a 17 ans lorsqu’elle décide de faire de la musique. Refusée au Conservatoire de Paris, elle réussit le concours de la Schola Cantorum, où elle se retrouve la seule femme. À la fin de ses études, Gabriële, est rattrapée par les convenances : sommée de se marier, à 27 ans elle s’enfuit à Berlin poursuivre ses études musicales et s’assume financièrement en jouant dans des petits orchestres. Lors de quelques jours de vacances à Paris, son frère lui présente Picabia. Le peintre est déjà très célèbre et leur rencontre, au début,  est un peu tendue. Pourtant, très vite, elle reconnaît en Picabia un esprit créatif d’avant garde. Elle laisse  tomber la musique pour l’épouser. Elle l’influence pour lui faire changer de style ; Il est vite conquis par ses arguments et, de l’impressionnisme, il s’oriente vers l’art abstrait. Restant toujours dans l’ombre, Gabrielle participe au tourbillon créatif du début du XXème siècle, art abstrait, Cubisme, Dadaïsme, surréalisme: Elle prend la plume, à maintes reprises, dans les revues d’art, pour expliquer, mettre des mots sur les trouvailles et les intuitions de son mari et des artistes qui gravitent autour du couple. Elle fréquente et influence toute l’avant-garde artistique de l’époque. Marcel Duchamp, Guillaume Apollinaire, Edgar Varèse et plus tard, Igor Stravinski.  Picabia peint, elle explique cette peinture d’un genre nouveau à un auditoire aussi souvent choqué que fasciné. Pendant vingt ans, entre Paris, New-york, Barcelone  elle choisit de se consacrer à Picabia, Elle assume ses frasques régulières, son gout immodéré pour les voitures, la fête , l’opium,  ses humeurs imprévisibles, son coté bipolaire -maniaco-dépressif. Cet amour ne laissera aucune place à ses quatre enfants. Définitivement au-dessus des contingences maternelles, elle laisse une descendance abasourdie par tant de désintérêt. Gabriële reste un mystère - 

Ce livre est passionnant, très riche, très vivant, bien écrit.  Le lecteur suit avec intérêt la vie de Gabrielle et de cette époque fascinante non seulement au niveau du foisonnement artistique mais également au niveau des évènements qui ont marqués le début du XXème (B. Boschat)

 

 

 

«Les vaisseaux frères» 

 ANAM Tahmima

Trad. de l' anglais par Sophie Bastide-Foltz.

Ed: Actes Sud
 

 

Zubeida, fille adoptive d’une famille aisée du Bangladesh, achève à Harvard des études de paléontologie : sa spécialité, « la baleine à pattes ». Elle s'éprend d’Elijah, un étudiant américain, mais doit partir pour un chantier de fouilles. Rentrée auprès des siens, elle épouse, comme prévu, Rachid, un ami d’enfance, devenu un industriel important. Insatisfaite de sa vie dans la bonne société occidentalisée de Dakha, obsédée par le mystère de sa naissance, elle découvre les chantiers où les bateaux mis à la casse sont désossés à mains nues... Et Elijah occupe toujours ses pensées.

 

Née à Dakha, Tahmima Anam (Un bon musulman, NB mars 2012), vit à Londres. En racontant le parcours de son héroïne, elle livre un témoignage vivant et passionnant sur l’évolution de la société bangladaise depuis la guerre d’indépendance : les espoirs déçus, les effroyables conditions de travail et la misère des plus défavorisés, côtoyant le confort et l’aisance des nantis, le machisme récurrent, le poids toujours pesant des traditions. Ces réflexions s’inscrivent dans une intrigue romanesque habilement menée, riche en rebondissements, contée d’une façon originale par des personnages attachants. Malgré quelques longueurs l’intérêt ne se dément pas. Un roman réussi.  (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

«Les seize arbres de la Somme»

MYTTING Lars

Trad. du norvégien par Céline Romand-Monnier.

Ed: Actes Sud
 


 

Dans une ferme norvégienne, Edvard vit et travaille dur avec un grand-père mutique et aimant, depuis la mort accidentelle de ses parents  en France alors qu’il avait trois ans. Il ne sait pas grand-chose de ce drame, ni de la vie de ses parents, ni de celle d'un oncle mystérieux, ébéniste de génie. À la mort du grand-père, il part à la recherche du passé, de ses origines, sur une île désolée des Shetlands et sur les champs de bataille de la Somme, ravagés par la guerre de 14/18, où s'est produit l'accident.

 

 Les nombreux fils de l'intrigue romanesque se nouent de plus en plus serrés, de l'occupation de la Norvège par les nazis à la Résistance française, du commerce international du bois à un salon de coiffure des Shetlands, de la guerre des tranchées aux camps de concentration...  Tout cela avec un luxe de détails techniques, historiques ou simplement descriptifs. On s'y perd parfois, on fatigue un peu, on sourit de tant de hasards heureux. Cependant, le narrateur est attachant, la quête d'un fabuleux héritage aiguillonne l'attention, les tempêtes et le vent secouent le lecteur qui en apprend beaucoup sur la Norvège et les secrets du bois (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

«Abigaël» 

SZABO Magda  

Ed : Viviane Hamy

 

Gina ira en pension. Son père adoré l'a décrété sans donner la moindre explication : " Ne dis au revoir à personne, amie ou connaissance. Tu ne dois pas dire que tu quittes Budapest. Promets-le-moi ! " Elle doit oublier son ancienne vie et rejoindre, dans la lointaine province, Matula, une institution calviniste très stricte, reconnue pour la qualité de son enseignement. 

Enfant gâtée, rétive aux règles, elle est vite mise en quarantaine. Seule solution pour survivre, l'évasion... qui se solde par un échec piteux. Désespérée, l'adolescente finit par confier ses malheurs à Abigaël, la statue qui se dresse au fond du jardin. Car selon l'antique tradition matulienne, Abigaël aiderait tous ceux qui le souhaitent. Et, miracle, l'ange gardien se manifeste ! Une série d'aventures rocambolesques sortent Gina du purgatoire et lui font comprendre la douloureuse décision de son père en même temps que le sens des mots honneur, solidarité et amitié.

                                         

Janvier 2018

«Couleurs de l'incendie»

 LEMAITRE Pierre

Ed : Albin Michel
 


 

Paris 1928. Alors que tout le gratin politique, affairiste et mondain se presse aux obsèques du banquier Péricourt, son petit-fils de sept ans est défenestré. Commence alors pour Madeleine, sa fille et unique héritière, une inexorable descente aux enfers. Son entourage familial, domestique et professionnel se jette sur cette proie fragilisée…

 

 

Deuxième volet d’une trilogie dont le premier est le prix Goncourt 2013 (Au revoir là-haut, NB octobre 2013), cet épais roman est, plus que jamais, un festival de cynisme, de chantage et d’escroquerie dans le cadre du monde financier et politique de l’entre-deux-guerres. Les liens de certains personnages avec ceux du précédent ouvrage peuvent être ignorés par un oeil neuf qui se régale d’une belle palette de héros plus machiavéliques ou crapuleux les uns que les autres : oncle député minable, fondé de pouvoir rapace, dame de compagnie voleuse, précepteur ambitieux aux moeurs douteuses face à une Madeleine qui fourbit sa vengeance. Seul le pauvre enfant handicapé émerge de la fange. Malgré des invraisemblances, une suite de saynètes enlevées sont agencées avec l’efficacité qu’on connaît à Pierre Lemaitre, scénariste et auteur de policiers. Son style plein d’allant et de trouvailles ajoute au plaisir de lecture. Délicieusement pervers et pétaradant. (L.K. et A.-M.D.) (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

«Dernier jour à Budapest» 

 MÁRAI Sándor

Trad. du hongrois par Catherine Fay.

Ed: Albin Michel
 


 

 

Budapest, le 12 mai 1933. Au matin, un écrivain fatigué et à bout de ressources se rend en ville pour récupérer ses émoluments de journaliste et placer un manuscrit. En route il oublie ses résolutions, croise un compère et l'entraîne dans une déambulation nonchalante, en fiacre, à travers la ville.

 

 

Sándor Márai (1900-1989) écrit ce roman en 1939 pour faire sortir de l'oubli l'écrivain hongrois Gyula Krúdy (1878-1933) dont la renommée sera largement posthume. Traduit une première fois en allemand en 1979, cette édition comporte un avant-propos où l'auteur (La nuit du bûcher, NB janvier-février 2016) explique que son mentor et personnage a célébré une ville, un pays, une culture, qui n'existent plus et dont il faut à tout prix préserver la mémoire. Prémonition ou étrange similitude de destins : le romancier, journaliste et diariste, d'abord reconnu et admiré en Hongrie, puis étouffé par les régimes totalitaires successifs, forcé à l'exil, sera lui aussi complètement oublié, puis révélé comme écrivain européen majeur après sa mort. La chronique du dernier jour de son antihéros est crépusculaire et nostalgique. Une balade douce-amère, pleine de fantômes, dans des lieux chargés de souvenirs littéraires.  (T.R. et L.C.) (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

«Le pavillon de thé» 

 COLLASSE Richard

Ed: Ed. du Seuil
 

Français vivant à Tokyo, R. San est un amoureux du Japon traditionnel. Il s’est même fait construire un pavillon de thé au fond de son jardin. Admis au cours de cérémonie du thé de Maître Sakuraï, il y remarque Mariko qui descend d’une longue lignée de samouraïs et dont la grâce et la beauté fragile l’émeuvent. Mais ses origines la rendent inaccessible, a fortiori pour un étranger ! Tous deux finissent cependant par vivre à l’insu de tous une vibrante histoire d’amour… 

 

 

Richard Collasse (Seppuku, NB septembre 2015 ; Saya, Prix CBPT 2010) écrit depuis des années sur ce pays où il vit et qu’il aime infiniment, attristé de le voir peu à peu perdre son âme au contact d’une modernité destructrice. Si son livre est le récit d’un amour plein de délicatesse dans un Japon parfois figé dans ses archaïsmes, il est aussi, et surtout, une magnifique ode aux coutumes ancestrales et à la cérémonie du thé, dont les gestes d’une subtilité et d’un raffinement inouïs sont décrits de façon quasi mystique. L’histoire construite dans un équilibre parfait entre romantisme et sensualité, revêt le caractère dépouillé d’une pièce antique, et la révélation finale ajoute encore à sa beauté tragique. (M.-N.P. et Maje) (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

«La légende des Akakuchiba» 

 SAKURABA Kazuki

Trad. du japonais par Jean-Louis de la Couronne.

Ed: Piranha
 

 

Abandonnée à Benimidori, ville japonaise, par des montagnards autrefois chassés du village, Man’yô a, très jeune, des visions prédisant l’avenir. Deux familles se partagent la cité. Les escaliers sont socialement hiérarchisée. Aux Rouges du haut, les Akakuchiba, qui règnent en maîtres absolus, la sidérurgie. Aux Noirs du bas, les chantiers navals. La « moins que rien » Man’yô est curieusement choisie pour épouser l’héritier des hauts-fourneaux. Naissent quatre enfants, dont Kemari, une enfant terrible, chef de bande de motards loubards, devenue auteure de mangas célèbres, qui sauve la famille de la récession. Le temps passe, le village se transforme et la mort décime la lignée… 

 

 

L’écrivaine japonaise Kazuki Sakuraba imagine la saga d’une famille, dominée par la Grande Dame Voyante mais illettrée, dont la narratrice est la petite-fille. Les aspirations de trois générations de femmes fortes mais vulnérables reflètent les bouleversements successifs vécus par le Japon d’après-guerre, depuis le boom économique issu de la modernisation, puis la bulle spéculative et la crise condamnant les industries traditionnelles, jusqu’au présent. Des descriptions poétiques émerge un univers fascinant, simultanément onirique et réaliste, avec un ultime suspense éclairant le passé. Ce roman moderne et savoureux tient en haleine et parle à tous. (L.G. et A.Le.) (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

«Le déjeuner des barricades» 

 DREYFUS Pauline

Ed: Grasset
 

 

Si la romancière cite Mao pour qui « La révolution n’est pas un Diner de gala », elle profite d’un déjeuner littéraire pour porter un regard original sur la « révolution » de mai 68. Unité de temps et de lieu pour cette tragi-comédie sur fond de barricades : le 22 mai à l’hôtel Meurice, Patrick Modiano reçoit le prix Roger-Nimier parrainé par la milliardaire Florence Gould. À table, Dali, Paul Morand, pour ne citer qu’eux, y vont de leurs commentaires face à la vindicte estudiantine… Quant à Modiano, malgré l’enthousiasme initial, il déçoit l’assemblée par ses timides balbutiements. Pendant ce temps, le monde tourne à l’envers, d’un étage à l’autre de l’hôtel, au grand dam des clients huppés. Le directeur, destitué par le syndicaliste de service, finit par remplacer la dame du vestiaire dont le mari policier a souffert d’un tabassage en règle. C’est drôle, intelligent, sarcastique, truffé de références historico-littéraire, avec des envolées rocambolesques, comme la réunion de crise entre dirigeants des plus prestigieux hôtels parisiens, très arrosée. Le roman est d’ailleurs pétillant comme une coupe de champagne. Irrésistible !  (C.G.) (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

«Monte-Carlo»

 TERRIN Peter

Trad. du néerlandais par Guy Rooryck.

Ed: Actes Sud, 2017
 

1968, Monaco grand prix de Formule 1. Jack Preston, mécanicien reconnu et talentueux, effectue les derniers réglages sur la Lotus prête à partir. Soudain une explosion retentit, menaçant Lily, jeune actrice adulée du public, qui s'est approchée inconsidérément du circuit. Jack se précipite sur elle pour la sauver, et ressort gravement brûlé. Imaginant être le héros de cette journée, il va de déception en déception et se fait licencier par l'écurie Lotus. Il recherche alors Lily afin de rétablir la vérité sur son sauvetage, qu'elle seule connaît.

 

 

Avec des chapitres courts et un rythme enlevé, Peter Terrin (Le gardien, NB décembre 2013) nous entraîne dans l'univers des courses de bolides de Formule 1, prisées d'amateurs de sensations fortes et de mondanités présidées par les princes de Monaco. La passion du mécanicien chevronné pour son métier est palpable. L'ambiance des préparatifs de la course où se côtoient les pilotes les plus prestigieux est très bien analysée. Parallèlement c'est aussi l'histoire d'un drame humain, celui d'un homme frustré à la recherche d'une reconnaissance de son acte héroïque. Cette distance entre désir et réalité est illustrée par une écriture sobre. Reconnaissance, rêves, gloire, reconstruction sont les moteurs de ce roman aux multiples rebondissements. (A.V. et F.L.) (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

 

«Le mal des ardents»

 ARIBIT Frédéric

Ed: Belfond, 2017
 

 

 

Enseignant, il mène une vie routinière. Divorcé, avec un enfant et une maîtresse épisodique, il aime la musique et la lecture. Et déboule dans sa vie, à la faveur d’un métro bondé, une belle brune habillée de noir, qui écoute sa musique, l’embrasse sur la bouche et disparaît à la station République ! Eperdu, il ne sait rien d’elle, mais la retrouve fortuitement, en équilibre sur la rambarde d’un pont… Une folle vie commence, d’étreintes impromptues et de musique à travers Paris : la belle est violoncelliste, c’est Lou.

 

 

En parallèle et sur un autre ton, se déroule l’historique, depuis la guerre du Péloponnèse jusqu’à maintenant, d’un mal provenant de l’ergot de seigle qui fait délirer, trouble les attitudes et tue. L’auteur (Trois langues dans ma bouche, NB mars 2015), basque et professeur de lettres, affectionne les surréalistes. Sa Lou est la cousine de la Nadja d’André Breton. Un périple parisien émerveillé, des repaires surprenants et éphémères, une symbolique du geste incongru, un style recherché, enthousiaste, caractérisent les rencontres avec la musicienne illuminée. En contraste, est évoquée l’austérité de la partie historico-médicale. À l’apothéose de la musique de Tchaïkovski, décrite avec magie, succèdent les ravages physiques et mentaux de la belle… mais le livre perd de son charme et, paradoxalement, de sa vérité : il disserte… (E.B. et A.Be.) (Revue Hebodesnotes UNCBPT)

Novembre 2017

«Zouleikha ouvre les yeux» 

IAKHINA  Gouzel 

Ed. Noir sur Blanc

Zouleikha, paysanne tatare, trente ans en 1921, est confrontée à la dékoulakisation – politique agricole stalinienne prônant la disparition des koulaks, petits propriétaires terriens, au profit de la collectivisation des terres. Son mari, récalcitrant, est tué devant elle. Elle est envoyée en Sibérie en tant qu'ennemie du peuple et découvre sa grossesse lors de ce trajet. Youssouf naît à l'arrivée.

 

 

Gouzel Iakhina est née au Tartastan (Russie). L'héroïne de son premier roman, soumise à sa belle-mère, mène une vie rythmée par ses croyances et sa religion. Sa déportation, parcours initiatique qui lui ouvre les yeux, est magistralement décrite par l'auteure qui s'est inspirée des récits de sa grand-mère, exilée en Sibérie à sept ans. Elle montre comment l'éducation de la jeune femme, concentrée sur sa survie, s'efface au tempo de l'avancée du train. Le personnage du commandant, l'assassin de son mari, qui supervise le transfert et l'installation au camp, est habilement dépeint dans son évolution mentale et sentimentale au contact de « ses » déportés et de Zouleikha en particulier... Un récit haletant où, pour supporter une vie aussi rude, chacun puise au plus profond de son être. (M.-P.R. et A.-M.D.)(hebdodesnotes UNCBPT)

 

 

«Le Sympathisant»

THANH NGUYEN Viet  

Ed. Belfond

À la fois fresque épique, reconstitution historique et œuvre politique, un premier roman à l'ampleur exceptionnelle, qui nous mène du Saigon de 1975 en plein chaos au Los Angeles des années 1980. Saisissant de réalisme et souvent profondément drôle, porté par une prose électrique, un véritable chef-d'œuvre psychologique. La révélation littéraire de l'année.

Au Vietnam et en Californie, de 1975 à 1980 

Avril 1975, Saïgon est en plein chaos. À l'abri d'une villa, entre deux whiskies, un général de l'armée du Sud Vietnam et son capitaine dressent la liste de ceux à qui ils vont délivrer le plus précieux des sésames : une place dans les derniers avions qui décollent encore de la ville. 
Mais ce que le général ignore, c'est que son capitaine est un agent double au service des communistes.

Prix Pulitzer 2016, Prix Edgar du Meilleur Premier Roman 2016, finaliste du prix PEN/Faulkner, un premier roman choc. 

 

 

 

«Réveiller les lions»

GUNDAR-GOSHEN  Ayelet 

Ed. Presse de la Cité

"L'homme, il le percute précisément au moment où il songe que c'est la plus belle lune qu'il a vue de sa vie."

Le Dr Ethan Green est un homme bien. Il sauve des vies. Il aime sa femme. Il adore ses deux petits garçons. Le Dr Ethan Green a de la chance : il est né du bon côté. Cette nuit-là, pourtant, le neurochirurgien prend la fuite après avoir percuté un homme sur une route, dans le désert. Le lendemain, la femme de la victime se présente à la villa du médecin : elle a tout vu. Sirkitt, qui partage une caravane avec d'autres clandestins soudanais ou érythréens, découvre un monde de confort. Cependant, ce qu'elle exige d'Ethan en échange de son silence ne se quantifie pas en argent... Alors que l'enquête sur le chauffard est confiée à son épouse, inspecteur de police, Ethan Green s'engouffre dans la mécanique de la double vie, sur fond de trafics, de violences – et de désirs inavouables. 
Après Une nuit, Markovitch, l'espoir de la littérature israélienne revient avec un thriller humanitaire qui plonge le lecteur au coeur d'un monde méconnu. Concerto pour trois voix capiteux et tendu, Réveiller les lions fait jaillir un chant âpre et sombre mais irradié d'empathie, qui en dit autant sur les failles d'un pays que sur celles d'un couple – un roman dérangeant et engagé qui en dit moins sur ce qui oppose les hommes que sur ce qui les lie.

 

 

«Tout homme est une nuit»

SALVAYRE Lydie 

Ed. Seuil

Terrassé par l’annonce de son cancer, ne supportant plus sa compagne, en congé pour une durée indéterminée, un jeune enseignant se retire dans un village de Provence. Sa présence, sa façon de vivre, ses fréquentations, ses balades solitaires dans les bois, son physique (d’origine espagnole, il a la peau mate) sont mal perçus par les habitants. Certains habitués d’un café se montent la tête et influencent les autres. Dans cette atmosphère volontairement empoisonnée, tout peut arriver.   

 

 

Reprenant une technique littéraire qui a déjà fait son succès, l’auteure (Pas pleurer, NB octobre 2014) met en abyme deux mondes : l’angoisse qui ronge de l’intérieur un homme jeune, entre son obsession de la mort et une peur grandissante des autres et l’atmosphère étouffante d’un débit de boisson avec les commentaires grossiers, bornés, racistes, de piliers de comptoir. Une même opposition caractérise l’écriture : l’une vive, sensible, mouvante, contrastée, toujours intense, l’autre plaquée, répétitive et vulgaire. Pratiqué tout au long du roman, ce balancement boiteux entre deux styles peine à produire une progression dramatique convaincante. Censé décrire le gouffre qui sépare deux formes de misère identitaire et sociale, le livre surprend par ce parti pris qui réduit la population rurale à une caricature.  (A.Lec. et A.-M.D.)(hebdodesnotes UNCBPT)

 

 

«L’homme en hiver»

GEYE Peter 

Ed. Actes Sud

Le vieil Harry a encore disparu. Cette fois ce n’est pas un accident. Dans cette région frontalière du Minnesota, constellée de lacs et de forêts, il a choisi le chemin d’où l’on ne revient pas. Dans les années soixante, il avait entraîné son fils Gus dans une randonnée, ils s’étaient égarés et avaient dû affronter l’hiver dans des conditions extrêmes. Gus avait compris trop tard que l’expédition était un prétexte pour fuir un ennemi de son père.

 

 

Avec l’omniprésence de la nature et les valeurs qu’il célèbre, ce roman, le premier traduit en français de l'auteur, se place dans la tradition « western » dont il est une version contemporaine réussie. Campée dans une contrée retirée, avec des habitants encore marqués par leur ascendance pionnière, l’histoire raconte d’abord un combat d’homme à homme, entre le père et le fils, unis malgré eux contre un criminel déterminé. La virilité y est subtilement suggérée. Par contraste, les femmes tissent une trame ambiguë, voire embrouillée, où le récit s’enlise. La splendeur sauvage d'immenses étendues d’eau et de bois, évoquée par une écriture lyrique, reste le ressort dramatique le plus convaincant.  (A.Lec. et A.-M.D.)(hebdodesnotes UNCBPT)

 

 

«Minuit,Montmatre»

DELMAIRE Julien

Ed. Grasset

1909. Montmartre reste un village mal famé, riche en pauvres, ivrognes, prostituées, anarchistes et artistes. Parmi eux, Théophile Steilen, célèbre pour ses dessins - dont l’affiche du cabaret Le Chat noir en 1896 -, vieillit et manque d’inspiration. Or une nuit, Vaillant, un matou intraitable, guide jusqu’à son atelier Masseïda, jeune Noire très belle, perdue et affamée. Elle vient de chanter au Lapin agile, bouleversant les spectateurs disparates, du souteneur violent au préfet de la Seine venu incognito. Elle devient rapidement la gouvernante et le modèle du peintre. Mais 1914 approche...

 





Ce troisième roman de Julien Delmaire (Frère des astres, NB mai 2016) est bien documenté – Steilen et Masseïda ont existé…Attention cependant aux avalanches de noms de personnages connus et de rues de la Butte ! Mais l’écriture de ce jeune auteur, également poète, est originale et son intrigue linéaire s’affranchit de la banalité grâce à de belles métaphores inattendues et fortes, dans tous les domaines : une pauvresse est une « pomme de terre épluchée par la lame du vent …Sur l’ardoise des toits l’eau chantait la ritournelle des fées impudiques… Les pauvres se tricotaient à mains nues des lambeaux de dignité…». Un récit vif et agréable. (D.C. et M.-C.A.)(hebdodesnotes UNCBPT)

OCTOBRE 2017

«Un loup pour l’homme»

GIRAUD Brigitte 

Ed. Flammarion

Printemps 1960. Lila et Antoine ont une vingtaine d'années, ils s’aiment. La grossesse de Lila et l'incorporation d'Antoine, envoyé à l’hôpital de Sidi-Bel-Abbès comme infirmier – pour éviter le front – vont bouleverser leur vie. La jeune femme rejoint son mari à Alger et y accouche, mais les tensions montent dans le pays. Elle doit apprendre à partager l'attention d'Antoine aux prises à une actualité guerrière et lié d’une amitié indicible avec Oscar, jeune caporal, amputé, muré dans le silence.

 

 

Brigitte Giraud (Nous serons des héros, NB octobre 2015), née en 1960 à Sidi-Bel-Abbès, raconte ici l’histoire de ses parents, celle d’une Algérie peu connue, des jeunes appelés qui perdent innocence et illusions en quelques mois. Mais surtout l’acte singulier d’une femme qui choisit de vivre auprès de son mari pendant cette période d’incertitude et de menaces. Un récit fluide à fleur de peau, avec des phrases courtes très factuelles pour évoquer ce mélange de quotidien et de nostalgie de la métropole. Sa galerie de portraits est attachante. L’Algérie y est autant solaire et envoûtante que dangereuse et déstabilisante. Une narration inégale et quelques longueurs pour un moment de lecture néanmoins fort et prenant qui rend un bel hommage à cette génération. (R.C.G et S.D.)

 

 

«Comme une rivière bleue»

AUDIN Michèle

Ed. Gallimard

 

"Personne ne se souvient de leurs noms, mais je vais vous dire un ou deux mots de cette passementière qui toute sa courte vie souffrit tellement des dents, de ce marchand de produits chimiques de Saint-Paul que seules de grandes quantités de vin rouge consolaient, de ce menuisier qui sculptait de petits jouets en bois pour l'enfant qu'il attendait, de ce cordonnier qui se souvenait de ce geste touchant, sa femme relevant ses cheveux, elle était morte pendant le siège, de cette tourneuse qui aurait voulu être institutrice, de cette brocheuse qui avait un carnet dans lequel elle notait ce qu'elle faisait ou pensait". Une petite foule de personnages, Marthe, Paul, Maria, Floriss... vivent, aiment, espèrent, travaillent, écrivent, se battent, enfermés dans Paris, pendant les soixante-douze jours qu'a duré la Commune. Comme une rivière bleue est leur histoire, vécue nuit et jour, à travers les fêtes, les concerts, les débats fiévreux, à l'Hôtel de Ville, à la barrière d'Enfer, au Château-d'Eau, sur les fortifications, dans ce Paris de 1871 qui est encore le nôtre. A l'aide de journaux inconnus, de l'état civil et de ses failles, de livres de témoins, le roman de Michèle Audin nous entraîne dans la ville assiégée, derrière quelques-uns des obscurs qui fabriquent cette "révolution qui passe tranquille et belle comme une rivière bleue".

 

 

«Underground railroad»

WHITEHEAD Colson

Ed. Albin Michel

 

En souvenir de sa mère, la seule esclave à avoir fui la plantation sans être reprise, Cora est respectée, malgré ses seize ans. Randall est un maître juste, mais ses frères sont des brutes. Quand l’un d’eux se fait insistant après l’avoir fait fouetter, Cora accepte la proposition de Caesar de fuir avec lui par l’Underground Railroad, réseau clandestin souterrain. Dénoncés, traqués ou aidés, ils tentent d'arriver dans les États libres du Nord.

 

 

En Géorgie, avant la guerre de Sécession, les plantations de coton drainaient quantité d’esclaves sur lesquels les maîtres avaient pouvoir de vie ou de mort, de viol ou de fouet. À travers le personnage de l’esclave rebelle, Colson Whitehead retrace la servitude et l’humiliation, les sévices et les séparations, et matérialise, sous la forme d’un véritable chemin de fer, le réseau clandestin au service duquel bien des Blancs abolitionnistes perdirent la vie. Au-delà de ses évidentes qualités littéraires, cette fiction de grande ampleur plonge dans le passé peu glorieux de l’Amérique et aborde le racisme sous différents angles avec une même justesse de ton. On y croise des âmes généreuses et des chasseurs d’esclaves, on y découvre la volonté, la persévérance et le courage pour la conquête de la liberté. (Maje et M.-F.C.)

 

 

«Bakhita»

OLMI Véronique 

Ed. Albin Michel

 

Enlevée enfant à sa famille soudanaise, vendue comme esclave, transportée en Vénétie où elle trouve refuge auprès de religieuses qui l'éduquent, Bakhita (1869-1947) connaît un destin à la fois hors normes et singulièrement personnel. Dans les années 30, son histoire dite alors "merveilleuse" sert, bien malgré elle, la propagande missionnaire mussolinienne en Ethiopie. Elle est béatifiée puis canonisée en 2000 par le pape Jean-Paul II.

 

 

Ni hagiographie – malgré le sujet –, ni biographie, le roman de Véronique Olmi (J'aimais mieux quand c'était toi, NB mai 2015) est le portrait à coeur d'une âme simple mais forte, indestructible malgré les épreuves épouvantables et les violences subies dans sa jeunesse. C'est aussi l'histoire de la reconstruction d'une personnalité sur les décombres laissés par la perte, perte de l'identité, perte du langage, perte des repères, perte de l'espoir et de la liberté. La narration, précise et riche, reflète et modèle cette renaissance. Après la violence des terribles chapitres africains, vient l'apaisement dans le silence des instituts religieux italiens. Aussi exceptionnelle et historiquement marquée soit-elle, la vie de Bakhita trouve des échos douloureux dans certains événements contemporains entachés de violence et de racisme. (T.R. et C.G.)

 

 

«La nuit des béguines»

KINER Aline

Ed. Liana Levi

 

1er juin 1310, place de Grève à Paris, Marguerite Porete, une béguine de Valenciennes, auteur d’un ouvrage jugé hérétique, Le miroir des âmes simples et anéanties, est brûlée vive. L’inquiétude monte dans le béguinage royal parisien où vivent en communauté des femmes seules, libres, mi-moniales mi-laïques, qui étudient, prient, chantent, travaillent, enseignent et soignent. Elles se mettent en danger en recueillant et en cachant une jeune rousse mutique et rebelle qui fuit un mari tortionnaire.

 

 

 

 

Un béguinage fondé par saint Louis a bien existé dans le quartier du Marais et il en reste des vestiges. Sous le règne de Philippe le Bel, les querelles religieuses enfièvrent Paris, emplissent les prisons, enflamment les bûchers. Le procès des Templiers, la toute-puissance de l’Inquisition empoisonnent l’atmosphère. Aline Kiner (La vie sur le fil, NB juin 2014) fait un portrait très sombre de cette époque où rôdent la terreur, la violence et la délation. L’écriture froide, aux accents de l’époque, est au service d’un contexte historique rigoureux et austère. Mais l’émotion affleure dans le portrait nuancé de femmes remarquables et attachantes, de la compréhensive et humaine herboriste à la lettrée latiniste solitaire. Une lecture des plus intéressantes. (V.M. et M.S.-A.)

 

 

«Les huit montagnes»

COGNETTI Paolo

Ed. Stock

 

Pietro est un garçon de la ville, Bruno un enfant des montagnes.  Ils ont 11 ans et tout les sépare. Dès leur rencontre à Grana,  au coeur du val d’Aoste, Bruno initie Pietro aux secrets de la  montagne. Ensemble, ils parcourent alpages, forêts et glaciers,  puisant dans cette nature sauvage les prémices de leur amitié.
Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès  de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son  passé – et son avenir.
Dans une langue pure et poétique, Paolo Cognetti mêle  l’intime à l’universel et signe un grand roman d’apprentissage  et de filiation.

 

 

«Mistral perdu ou les événements»

MONNIN Isabelle

Ed. JC Lattès

 

L'histoire de deux sœurs nées dans les années 1970 et puis la mort de l'une d'entre elle marquant un tournant tragique dans la vie de la narratrice. Un livre qui émeut et nous replonge dans la France rurale des années 70-80. Un livre rempli de souvenirs, d'amour, de petits bonheurs mais aussi de tristesse et de nostalgie. Un récit à la beauté vibrante.

SEPTEMBRE 2017

«L’art de perdre»

ZENITER Alice 

Ed. Flammarion

1954, prémices de la guerre d’Algérie. Ali exploite une oliveraie en Kabylie, qui devient le théâtre d’enlèvements et d’exécutions sommaires. En 1962, en qualité de harki, il est contraint avec sa famille de quitter son pays pour la France. Il connaît un camp de regroupement dans le Sud-ouest, puis un hébergement temporaire, enfin un logement en Normandie, où grandissent ses enfants. L’un d’eux, Hamid, s’intègre avec succès à la culture française. Mais il faut attendre cinquante ans pour que Naïma, petite-fille d’Ali, décide de retourner en Algérie.

 




Dans cette volumineuse saga sur trois générations, Alice Zeniter, jeune romancière et dramaturge (Juste avant l’oubliNB octobre 2015) développe le thème du déracinement familial avec son lot de fatalités, de silences, de souvenirs occultés. Après un long travail d’adaptation – fait d’échecs et de réussites – les plus jeunes s’intègrent dans le pays où ils sont nés. Racisme, mémoire obscurcie, identité écartelée entre deux terres et deux cultures, sont habilement développés. Mais le ton neutre, comme distancié, la narration.(hebdodesnotes UNCBPT)

 

 

«Summer»

SABOLO Monica 

Ed. JC Lattes

 

Lors d’un pique-nique au bord du lac Léman, Summer, dix-neuf ans, disparaît. Elle laisse une dernière image  : celle d’une jeune fille blonde courant dans les fougères, short en jean, longues jambes nues. Disparue dans le vent, dans les arbres, dans l’eau. Ou ailleurs  ?
Vingt-cinq ans ont passé. Son frère cadet Benjamin est submergé par le souvenir. Summer surgit dans ses rêves, spectrale et gracieuse, et réveille les secrets d’une famille figée dans le silence et les apparences.
Comment vit-on avec les fantômes  ? Monica Sabolo a écrit un roman puissant, poétique, bouleversant.

 

 

«Femme à la mobylette»

SEIBLE Jean-Luc

Ed. Flammarion

Abandonnée par tous avec ses trois enfants, Reine n'arrive plus à faire face. Sa vie finit par ressembler à son jardin qui n'est plus qu'une décharge. Son horizon paraît se boucher chaque jour davantage, alors qu'elle porte en elle tant de richesses. Seul un miracle pourrait la sauver... Et il se présente sous la forme d'une mobylette bleue. Cet engin des années 1960 lui apportera-t-il le bonheur qu'elle cherche dans tous les recoins de ce monde et, surtout, à quel prix ? Jean-Luc Seigle dresse le portrait saisissant d'une femme ordinaire au bord du gouffre. Ce faisant, c'est une partie de la France d'aujourd'hui qu'il dépeint, celle des laissés-pour-compte que la société en crise martyrise et oublie.

 

«Les fantômes du vieux pays»

HILL Nathan

Ed. Gallimard

Samuel, professeur à l’université de Chicago, addict à un jeu en ligne, auteur dans sa jeunesse d’une nouvelle prometteuse, inspirée de son amitié pour Bishop et de son amour pour la jumelle de celui-ci, doit un roman à son éditeur. Sa mère, qui l’a abandonné lorsqu’il avait onze ans, vient de faire la une des journaux en agressant un candidat à la présidence. Il décide d’en faire le héros principal de son livre, part à sa recherche et fouille un passé familial qu’il était bien loin de soupçonner…

 

 

Touffu mais bien construit, avec de nombreux allers-retours dans le temps, ce premier gros roman est passionnant tant par le caractère et le comportement des héros qu’il met en scène que par sa peinture acide des démons de l’Amérique qu’il traque à travers les années soixante d’abord, avec les manifestations contre la guerre du Viêtnam, puis les années 2000 dominées par le règne d’internet. Le titre original The Nix, allusion à une vieille légende (ce que l’on aime le plus est ce qui fait le plus de mal), ajoute un éclairage intéressant sur la psychologie des personnages empêtrés dans des contradictions, des attitudes nocives et des amours impossibles.  (M.-N.P. et J.M.) (hebdodesnotes UNCBPT)

 

 

«Tout un monde lointain»

HOUDART Célia 

Ed. P.O.L

Gréco, décoratrice à la retraite, vit seule à Roquebrune-Cap-Martin. L’âge venant, elle se remémore les souvenirs de son enfance passée dans la communauté Monte Verità en Italie. Au cours d’une de ses promenades quotidiennes près de la célèbre villa E.1027 – qu’elle apprécie et souhaite acquérir – elle découvre que deux jeunes la squattent. Peu à peu, alors que tout les oppose, des liens amicaux un peu particuliers se nouent avec le jeune couple de danseurs au style hippie.

 

 

Dans ce dernier roman de Célia Houdart (Gil, NB mai 2015), la nature est omniprésente, servie par une écriture extrêmement poétique. Bien que le récit ne se déroule que sur deux semaines, l’action semble abolir les repères de la vieille femme plongée dans ses souvenirs. La proximité de la belle villa, bijou d’architecture des années 1930, lui rappelle les heureux moments de sa vie passée. Dans ce cadre, les personnages donnent l’impression d’évoluer dans un demi-rêve, entre harmonie et fantastique. Les incidents troublants, provoqués par le jeune homme qui aime surprendre en se métamorphosant, créent le malaise ; et l’inquiétude croît à la découverte de documents d’archives. Le récit se déploie dans des paysages magnifiques et plutôt reposants, mélangeant tension et poésie. (B.D. et M.R.) (hebdodesnotes UNCBPT)

 

 

«Les Vacances»

WOLKENSTEIN Julie

Ed. P.O.L

Avril 2016. Sophie, universitaire spécialiste de la comtesse de Ségur, bientôt retraitée, va participer à Berkeley à un colloque sur Rohmer et le rapport du cinéaste à la littérature. Elle parlera de son adaptation du roman Les Petites filles modèles, long-métrage inabouti et jamais sorti. À la gare Saint-Lazare, elle rencontre fortuitement Paul, qui consacre sa thèse aux films disparus... Tous deux vont arpenter la Normandie à la recherche d'indices, de pistes, de témoignages, pour résoudre l'étrange énigme du film. Et si cette enquête les menait à fouiller leurs propres passés ?

 

 

Dans ce roman à deux voix, l'une féminine, l'autre masculine, Julie Wolkenstein (Adèle et moi, NB mars 2013), professeur de littérature comparée, tire de nombreuses ficelles de la construction romanesque. Elle déroule une intrigue – aux multiples tiroirs – où le passé afflue et reflue sans cesse. Les coïncidences, les courts-circuits, les leurres et les brusques révélations s'entrechoquent. Les personnages, fictifs ou réels, semblent poursuivre un jeu de cache-cache dans lequel le lecteur « modèle » se laisse entraîner, parfois au risque de se perdre, mais souvent dans une connivence à la fois émouvante et joyeuse. Le ton, plaisant, voire impertinent, apporte de l'aisance à la lecture. (A.-M.D. et A.Lec.) (hebdodesnotes UNCBPT)

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